EPISODE 1 : 5 nuances de Gray

“Voir le monde dans un grain de sable
Et les cieux dans une fleur sauvage,
Tenir l’infini dans la paume de sa main
Et l’éternité dans l’heure qui vient.”

 
 
Je ne crois pas que je pourrai mieux vous résumer l’expérience que je viens de vivre ces dernières heures autrement qu’en citant ce très vieux poème de William Blake. Cette expérience était pourtant sensé être un simple jeu vidéo interdit à la distribution.
V.A.S.S, ou Vérité Artificielle par Simulation Sensorielle, beaucoup moins poétique et beaucoup moins explicite en fait.
En quelque sorte, ce jeu est un croisement entre une aventure dans les gigantesques mondes imaginaires de la célèbre série “Ultimate” et le réalisme véritablement viscéral d’un “Arena Commander”. Vous placez le petit serre tête et ses électrodes, vous insérez la clé mémoire qui renferme le scénario et vous vous endormez tout simplement. Alors la magie opère et le temps d’un rêve vous matérialisez en détail tout ce qu’a résumé William Blake en un quatrain.
Révolutionnaire ? Pour le moment l’UEE a dit dangereux, ainsi V.A.S.S n’existe que sur le marché de la contrebande et pour de rares privilégiés.
Peter Gray possède un exemplaire de ce jeu, et vous allez bientôt découvrir à quel point cet homme est privilégié.

 

Il était déjà tard dans la nuit quand la jeune femme s’éveilla de son “expérience”. Après une courte phase de désorientation elle se remit les idées en place, retira les électrodes et reposa le serre tête sur la commode nacrée. Elle se leva ensuite et fit quelques pas sur le sol chauffé de la luxueuse chambre d’un des innombrables hôtels du gigantesque amas urbain de Stanton III, planète mère de la richissime société ArcCorp. La chambre était aussi classieuse que froide et impersonnelle, l’endroit idéal pour traiter une affaire confortablement puis repartir sans véritable souvenir, un lieu efficace.
La jeune femme n’avait pas prit le temps de se changer lorsqu’elle s’était endormie avec le serre tête VASS. Elle avait juste retiré ses chaussures, portant ainsi une splendide robe de soirée couleur ivoire à la coupe courte et décolletée mais légèrement chiffonnée par les quelques heures de sommeil. Elle se tenait devant la large baie vitrée de la chambre, qui offrait une vue vertigineuse sur la fourmilière qu’était Stanton III même à cette heure tardive. Cependant, elle regardait davantage son reflet magnifié par la lumière tamisée de la chambre que le paysage. C’était une très belle femme, grande et élancée, dont le corps de liane et la démarche déliée autant que précise évoquait un félin. Ses longs cheveux blonds ramenés par dessus une épaule encadrait un visage fin et racé, au regard expressif et pénétrant. Elle était de type caucasienne, avait teint légèrement hâlé et prenait visiblement grand soin d’elle même. Sa posture et son attitude, même dans le reflet de la vitre évoquait de l’assurance, voire une certaine arrogance.

 

Elle attendait son client, après un long diner de prestige en sa compagnie, il lui avait demandé de l’attendre pour participer à une conférence pompeuse sur les nouvelles techniques d’extraction de métaux lourds a proximité des étoiles. Peter Gray, son client du soir donc, était un industriel qui avait créé une entreprise de taille moyenne il y a cinq ans de cela après une honorable carrière de joueur de Sataball. Il était connu pour être autoritaire, et aussi pour être assez peu regardant sur les lois de l’UEE. Ce soir là, il avait besoin des services d’une escorte de luxe pour faire bonne figure auprès de ses compères. Car aussi charismatique et aisé fut-il, Peter n’avait jamais souhaité construire une relation durable, et dans les affaires, tous les détails comptaient. A vrai dire monsieur Gray avait des manières de traiter les femmes bien particulières et peu adaptées à la vie conjugale. Il avait déjà plus d’une fois eut à payer de lourds pots de vin pour ne pas avoir à répondre de ses actes devant la justice. Il était passablement misogyne et parfois même violent.
Alors qu’elle allait se servir une cannette de Solar-7* dans le minibar, il entra dans la chambre, refermant derrière lui et affichant une mine contrariée. Il n’était pas très grand mais il avait une carrure imposante, les restes de sa carrière sportive même si l’arrêt brutal lui valait désormais un léger embonpoint. La jeune femme but une gorgée alors qu’il approchait d’elle, son visage angulaire se fendait d’un sourire de convoitise, avait-il besoin de distraction ?

 

– Comment allez vous Peter, votre conférence fut-elle productive ? Sa voix était claire et posée, presque apaisante pourtant il y avait un léger éclat de sarcasme dans son regard.
– Pas le moins du monde j’ai l’impression d’avoir perdu mon temps, répondit-il d’un ton rauque et amer. Alors qu’as tu pensé du jeu vidéo ?
– Fascinant, il m’a rappelé un vieux poème, je crois avoir été au bout et je dois reconnaître que je n’avais jamais ressenti de telles sensations avec un simple programme vidéo ludique. Dit-elle en esquissant un fin sourire. Peter lui, semblait assez surpris.
– Tu es vraiment allée jusqu’au bout du scénario ?
– Hum et bien, des deux scénarios en fait, comme il n’était pas si tard j’ai relancé une seconde cession après la première.
– Tu dois avoir un don alors, je n’ai jamais été plus loin que “l’adolescence” sur VASS et le revendeur m’avait dit qu’il fallait du temps pour appréhender et progresser ce nouveau média de divertissement… C’était ses mots.
– J’ai du avoir un peu de chance, répondit-elle en haussant les épaules avant de changer de sujet. Vous souhaitez que l’on sorte boire un dernier verre avant de me raccompagner ?
– Je n’ai pas envie de sortir, vous allez rester jusqu’à demain et je paierai une petite rallonge. Peter se détourna après un rapide regard vers les cuisses de la jeune femme, puis il alla retirer sa veste et dégrafer sa chemise.

 

La jeune femme elle, se tourna vers la baie vitrée de nouveau, prit discrètement une bonne inspiration et but une longue gorgée avant de reposer la bouteille sur le minibar.
– Peter, je peux rester encore un peu, mais je suis obligée de vous rappeler que je ne suis pas une prostituée, simplement une escorte.
– Et est-il absolument hors de question qu’une escorte déroge à la règle pour passer un peu de bon temps ? Après tout, ce que je t’ai offert vaut au moins autant que ce je te paye pour cette soirée. Prévint-il en désignant le dispositif du jeu d’un signe du menton.
La jeune femme lui adressa un regard en coin, qui se voulait ferme mais qui trahissait une certaine nervosité.
– Ma compagnie est à louer, et vous avez le droit de montrer mon corps autant que de le regarder, mais en aucun cas de le toucher. Vous n’aimeriez pas avoir à vous en justifier devant mes patrons.
– Tes patrons ? il lui jeta un regard sombre, posant son mobiglass sur la table de la kitchenette. Je croyais que tu travaillais à ton compte, en freelance.
– Ce serait imprudent monsieur Gray, répondit-elle.
– Ca veut dire que tu m’as menti ?
Elle ne rétorqua pas, se contentant de le fixer en contractant légèrement la mâchoire. Lui approcha d’elle de nouveau, se passant la main sur la nuque et se décontractant les épaules. Il poursuivit.
– Ou alors ça signifie que tu me mens à l’instant, pour… me dissuader. Dans tous les cas ce n’est pas très malin de ta part. J’ai passé une mauvaise soirée et j’ai bien l’intention de me détendre un peu en ta compagnie. Et ça va impliquer de te “toucher” un peu. Pour qui te prends tu hein ? Tu es juste une pute raffinée.
Il était tout proche et son regard était devenu clairement dominant. On pouvait deviner un coté ludique dans son attitude, cet homme avait l’habitude de ce genre de situation. La jeune femme se retourna, dos à la vitre et lui fit face, sa fermeté vacilla quelque peu et laissa place à de la crainte.
– Monsieur Gray, s’il vous plait, je ne suis pas aussi douée pour contenter un homme dans un lit que lors d’une réception publique.
– A vrai dire, je m’en moque complètement que tu sois douée, c’est moi qui fera tout le boulot et… Tu es bien assez jolie pour me contenter de longues heures même en te défendant comme une pleurnicheuse… Dis moi, tu comptes te défendre ?
Elle leva légèrement les mains devant elle.
– Je vous en prie Peter, ne vous comportez pas comme un vulgaire salaud ! Sa voix était paniquée. Alors, d’un geste brusque Gray lui saisit les poignets et la plaqua contre la baie vitrée, se pressant tout contre elle, le regard d’un fauve devant une proie.

– Aller lutte grande blonde, lutte ! Dit-il en venant lui lécher le visage.
– Aaahhh, noooon, arretez ! Elle lutta, fort, d’abord juste en cherchant à s’extirper de son étreinte mais sans succès, il devait peser aisément 30 kilos de plus qu’elle et il avait de la force. Elle essaya alors de le frapper du genoux mais elle n’avait pas assez d’espace, elle essaya même de le mordre sans grand succès non plus.
– CONTINUE CA ME PLAIT !! lui hurla t-il au visage.
– RRAAAAHH !! cria t-elle de frustration, avant de parvenir à lui écraser le pied suffisamment fort pour qu’il recule un peu, mais au lieu de la lâcher il la tira violemment et la projeta fort dans la pièce. Celle ci heurta un fauteuil avant de chuter sur le sol, apeurée. Il la fixait, marchant doucement. Elle recula en se glissant sur le sol, le souffle haletant et cherchant du regard quelque chose qui pourrait lui servir à se défendre.
– Tu cherches une arme ? T’es pas de taille sans ? Tu perds ton temps, j’ai vérifié toute la chambre et j’ai bien regardé ce que tu avais sur toi. Je fais ça à chaque fois tu sais, tu n’es pas la première… A la seconde ou tu as passé le seuil de cette porte, j’ai su que ça allait se terminer ainsi.
Il respirait fort lui aussi, mais pas pour les mêmes raisons. Il approchait, elle reculait… Jusqu’au mur, alors une nouvelle fois il se jeta sur elle.
Et elle se défendit encore, avec plus d’espace cette fois. Elle lui rendait la tâche difficile, si difficile qu’au bout de plusieurs longues secondes sans parvenir à la maitriser, il lui envoya un puissant coup de poing dans le ventre.
la jeune femme s’écoula à quatre pattes, le souffle violemment coupé.
– C’est ça que tu veux ?
– umrrff uggnh. Elle toussa, ne pouvant rien répondre, et toute réponse n’aurait de toute façon eu aucun effet positif sur le prédateur qui allait s’acharner sur elle.
Il lui attrapa les cheveux et la tira jusqu’au lit, violemment. Cette fois elle ne bougea presque pas, comme tétanisée alors qu’il dégrafait complètement sa chemise, puis grimpa sur elle l’écrasant de tout son poids et lui bloquant les bras.
– Plus je te regarde et plus ça me plait, parce que je vois que t’aimes ça, c’est dans tes yeux, t’adores ça !
– Noon nooon NOOOON !!
Elle força, se débattant encore vaillamment et lui rendant la lutte difficile mais rien n’était suffisant pour lui permettre de prendre le dessus. Petit à petit, seconde après seconde, il affirmait son étreinte et la résistance de la jeune femme faiblissait. Alors il commença à déchirer sa robe sans vergogne, puis à dégrafer et baisser son propre pantalon tout en la fixant droit dans les yeux. Il exultait, la jeune femme était un…. magnifique trophée.

 

Mais alors qu’il allait la violer purement et simplement, en quelques secondes tout bascula. La jeune femme attrapa le pouce de Peter Gray et dans un mouvement sec et maitrisé lui brisa net. La seconde d’après elle le tira par les cheveux et le désarçonna d’un violent coup de hanche. Les deux chutèrent sur le sol chauffé de la chambre et, le visage défiguré autant par la surprise que la douleur, l’homme se retrouva le bassin enserré entre les cuisses puissantes de la jeune femme. Un bras bloqué le long de son corps, le pantalon baissé obstruant considérablement ses mouvements de jambes et son autre bras affaiblit par sa douleur au pouce, elle dominait maintenant les débats avec un savoir faire quasi sadique, lui passant un bras autour du cou par l’arrière, et l’étouffant de son autre main.
A son tour Gray tenta de se débattre par tous les moyens, de porter des coups, de mordre, à vrai dire il tenta beaucoup de choses, mais maladroitement. Et plus il faisait d’efforts plus il s’essoufflait, la cage thoracique compressée par les jambes de la blonde et la respiration obstruée par sa main…
Finalement Peter Gray perdit toute force, et juste avant de mourir il entendit la voix glaciale de la jeune femme lui murmurer.
– A la seconde ou j’ai passé le seuil de cette porte, j’ai su que ça allait se terminer ainsi.
 
Il mourut la seconde suivante.
 
La jeune femme elle, tint bon encore quelques instants avant de le repousser sur le coté, elle resta allongée sur le dos un moment, à reprendre son souffle. Elle était calme, implacable, ce n’était pas la première fois qu’elle se trouvait dans une situation comparable, c’était même son véritable travail.
Puis elle s’assit, et sans plus porter le moindre intérêt à l’homme elle se leva et alla chercher son mobiglass, appelant un contact.
– Ici Asmodeis, le cadavre de monsieur Gray n’attend plus que son traitement Antilaz. Merci de bien vouloir venir nettoyer prestement.
Sans attendre de réponse elle raccrocha, alla rapidement récupérer ses affaires et se changer. Elle eut une courte hésitation en parcourant la pièce du regard, et finalement elle se dirigea à la commode à coté du lit, puis retira la clé mémoire du serre tête VASS et la glissa dans sa poche avant de quitter la chambre.
Elle ne reviendrait plus sur Stanton III avant longtemps.
 
En effet, Peter Gray est bien un privilégié, d’une certaine manière. Il a attiré l’attention de personnes qui ont payé suffisamment cher pour s’offrir les services d’une secte d’assassin. Si pour autant vous croyez que ça a été facile vous vous trompez, tout est une question de timing. Il faut toujours attendre le moment précis ou la cible croit avoir triomphé et ou elle vient chercher sa récompense. Si on agit trop tôt ou trop tard, alors c’est game over. Car entre nous, il était bien plus fort que moi.
Il s’agit là de ma septième victime en deux ans, j’ai entendu dire que c’était un rythme correct, mais je manque cruellement de référence pour juger. Dans tous les cas j’espère que ce pauvre type sera le dernier parce que je compte bien raccrocher. C’est mon droit, dans la secte lorsque l’on arrive à sept, à chaque paiement ou nous propose soit des crédits, soit la liberté.
Je compte bien choisir la liberté…
Vous, que choisiriez vous à ma place ?
 
Quelques heures plus tard…
La jeune femme était assise dans le salon public d’un Genesis*, légendaire vaisseau de transport de passagers de Crusader Industries. Celui-ci était particulièrement bondé, probablement en raison des rumeurs inquiétantes sur la possible propagation de “fièvre de Lynch” au système Stanton. Bien qu’il ne semblait pas encore y avoir de risque très important de pandémie, il y avait toujours des gens assez paranoïaques pour prendre les devants… Et ils n’avaient pas forcément toujours tords.
Elle portait des vêtements très ordinaires, et n’avait pour seul bagage qu’un petit sac, elle avait déjà retiré son mobiglass car elle allait devoir le rendre, c’était la procédure.
Une cible égal un mobiglass. Elle devait rencontrer son agent de liaison, Agathe, durant le vol. Elle l’avait repéré lors de l’embarquement mais ce n’était pas à elle de choisir le moment exact de l’entrevue.
Il régnait un brouhaha assez permanent à bord, beaucoup de familles avec leurs lots d’enfants qui jouaient bruyamment, et des discussions passionnées sur le virus ou alors les derniers résultats sportifs…
 
La jeune femme avait choisi un siège en angle, et avait pu réserver la place à coté d’elle en y déposant son sac et prétextant attendre quelqu’un chaque fois qu’on voulait s’y asseoir. Elle s’occupait en grignotant du chocolat, et en observant chaque personne passant à proximité. Elle était obsédée par les détails, toujours à chercher un élément particulier sur un tel, un éventuel point fort ou point faible chez un autre; si celui si cachait une arme, ou celui là un bras cybernétique. Avec son instruction et le peu d’expérience qu’elle avait accumulé, elle était devenue incapable de croiser une personne sans évaluer ses chances de l’emporter dans un combat singulier. Par exemple, au sein de la population de ce vaisseau, elle était arrivée à la conclusion statistique qu’elle devrait l’emporter sans mal contre environ 40% des personnes, que l’affrontement serait indécis contre 40% d’autres, et qu’elle serait en grande difficulté contre 20% d’entre eux. Cela représentait une proportion honorable mais bien entendu qui serait très différente dans d’autres circonstances.
L’environnement aussi était important à maîtriser: la solidité du mobilier, les issues, toujours s’installer dans une position ou on laisse le moins de choses possibles dans son dos…. Des détails, une multitude de détails à observer et analyser, en temps réel.
C’était une gymnastique intellectuelle à laquelle elle s’était tellement habitué qu’elle ne s’en rendait même plus compte.
L’agent de liaison, Agathe, approcha. Femme de taille et de corpulence moyenne, afro-américaine, vêtue de manière stricte mais ordinaire, ses cheveux était noué dans un chignon élaboré et elle devoir avoir environ quarante ans.

 

Il n’y a aucune raison pour que ça se passe mal, Agathe est une vraie professionnelle. Je ne l’ai jamais vu ciller, et je ne pense pas avoir jusqu’ici été suffisamment compétente pour que la secte voit mon départ de manière handicapante. Il faut simplement lui parler franchement et directement, avec peut-être un tout petit soupçon d’enrobage sucré.
 
Agathe s’essaya aux cotés de la jeune femme et engagea la conversation.
– On m’a rapporté que c’était du travail très propre, l’antilaz a pu être effectué sans difficulté. Vous n’avez pas été blessée ? Demanda t-elle d’une voix grave et condescendante.
– Un hématome au niveau des côtes, et quelques contusions mineures mais aucune blessure sérieuse, répondit-elle en cherchant dans son sac pour en sortir son mobiglass et le tendre à son agent de liaison. Celle-ci le prit, et le rangea immédiatement dans son sac à main.
– Merci, Asmodeis. Elle la regarda avec plus d’instance avant de l’interroger.
– Quelle est votre décision alors ?
– La liberté, répondit simplement la jeune femme.

– C’est dommage, vous avez un réel potentiel. Avec davantage d’expérience vous pourriez rejoindre l’élite.
– Ne le prenez pas mal Agathe, mais cette forme d’élite ne saurait me convenir. Je répugne à utiliser la violence, et encore plus à tuer. J’estime avoir rempli ma part et mérité ma liberté.
Les deux femmes se regardèrent longuement, Agathe n’était en rien agressive, elle cherchait simplement à évaluer le degré de certitude d’Asmodeis dans sa décision.
– Vous avez effectivement rempli votre part, ni plus ni moins. Cela vous donne le droit à la liberté avec tout ce que ça implique. Asmodeis n’existe plus, vous vous retrouvez seule et sans identité, vous n’aurez plus aucune aide de notre part, et si jamais vous deviez trahir notre secret d’une façon ou d’une autre, vous seriez traquée et exécutée.
La jeune femme se pinça les lèvres en écoutant attentivement. Son regard était réellement déterminé, et elle semblait prête à choisir cette voie sereinement.
– Vous avez toujours été extrêmement professionnelle Agathe, j’ai apprécié cela durant ces deux années. On vous confiera, j’en suis certaine, un assassin tout aussi talentueux à suivre et à gérer.
– J’en suis tout aussi certaine, Agathe se releva. Nous ne nous reverrons plus, adieu jeune inconnue. Et n’oubliez pas que le prix de la liberté, c’est l’éternelle vigilance.
– Adieu oui.
Agathe retourna dans son compartiment privé, se frayant un chemin au milieu des familles qui jonchaient les allées et couloirs du vaisseau. La jeune femme elle, ferma les yeux un instant, lâchant un profond soupir… Elle était libre, mais elle n’était plus rien.
 
Le prix de la liberté, c’est l’éternelle vigilance… Je suis sure d’avoir déjà entendu ça quelque part. Peut-être dans la bouche d’un amiral corrompu et mégalomane, ou alors d’un quadragénaire biberonné aux vids et aux jeux bossant chez RSI.
Quoiqu’il en soit, cap sur le système Bremen, secteur suffisamment éloigné pour ne pas être trop handicapé par les scans d’identité intempestifs, et suffisamment développé pour offrir quelques opportunités.
D’abord je dois trouver un travail, puis une identité… Dans cet ordre oui !
 
La jeune femme s’installa en tailleur sur le siège, décapsula une cannette de Solar-7, et passa le reste du voyage à sympathiser avec d’autres passagers.

 
 

A suivre …

 
 
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