Solar-7 : Episode 4 – Three-B

 
 
 
Au trentième siècle, l’initiation au déplacement en condition zéro-gravité était partie intégrante du programme d’éducation physique dans la plupart des écoles de l’UEE. Même si une portion non négligeable de la population vivait encore une existence entière sans jamais quitter sa planète de naissance, et qu’une autre portion se contentait de vols sécurisés dans des conditions permanentes de gravité simulée; passer une partie importante de sa vie dans l’espace était devenu courant. Et toute personne devant vivre dans l’espace sur d’assez longues périodes devait impérativement maitriser son corps en condition d’apesanteur.
 
Teo Vinyan n’avait jamais oublié ses premières leçons de “zéro-G” sur Terra quand il avait onze ans. Il n’avait pas oublié comme il était difficile de ne pas faire des mouvements de nage lors des premiers instants pour essayer de s’orienter, de résister, de contrôler. Puis très vite il avait compris qu’il fallait juste se laisser aller, apprécier et savourer celle sensation de légèreté et de flottabilité. Il se souvenait de tout, même de la salle ou il s’exerçait avec ses camarades, qu’il aurait pu croire à l’époque tapissée de chamallows pour pouvoir évoluer et apprendre à se déplacer sans se blesser. Il avait instantanément adoré se retrouver la tête en bras et être capable de traverser une pièce entière d’une simple poussée du doigt.
Ces souvenirs ne l’avaient jamais quitté, Teo était un jeune homme brillant qui excellait dans de nombreuses matières et il pouvait légitimement prétendre à de hautes études et à un travail aussi passionnant que sécuritaire et bien rémunéré. Pourtant au moment de choisir sa voie, il délaissa de nombreuses offres au sein de corporations diverses et prestigieuses pour s’engager dans une jeune entreprise spécialisée dans l’extraction de métaux lourds en milieu hostile en tant que technicien responsable de la maintenance du matériel d’extraction. Un travail qui lui assurait plusieurs sorties en apesanteur chaque semaine, Teo Vinyan n’avait jamais eu d’autres ambitions, aussi surqualifié fut-il pour ce travail.
 
– Ok Vinyan, je n’ai que deux foreuses sur trois qui fonctionnent, et on a plus beaucoup de temps. On va bientôt devoir remballer le matos sensible de cette foutue lune avant que l’étoile ne crame toute l’électronique, alors dis moi ce qui cloche sur cette foreuse défaillante.
La voix granuleuse du patron était régulièrement entrecoupée de légers parasites à l’intercom. Teo se trouvait un peu trop loin de la station Pineaple, mais il y était toujours relié par le câble de sécurité. Il s’était arrimé au générateur de la foreuse dont il contrôlait les fonctionnalités une à une, à la recherche d’une défaillance qui expliquerait le dysfonctionnement d’alimentation de l’immense foret automatisé.
– C’est un simple problème de transmission monsieur Eroll, une gaine de câblage qui à prit un sérieux coup de chaud, je vais couper la partie détériorée et ressouder le câble, il y a suffisamment de jeu. Ca devrait tenir encore une journée ou deux, mais si on veut régler le problème durablement il faudra renforcer cette gaine et probablement toutes les autres.
– Combien de temps ?
– Une quinzaine de minute.
– C’est parfait Vinyan. Par contre tant que je vous tiens, est ce que peux savoir ce que fout votre équipière?
– Three-B a eu une p….
– Gardez vos surnoms stupides pour les temps de repos Vinyan ! coupa le patron.
– Oui, pardon. La combinaison de Kerrigan n’a pas passé la vérification d’étanchéité, elle est à l’atelier pour une vérification complète et on n’avait pas d’autre combi à sa taille monsieur.
– Entendu, quinze minutes, continuez le bon boulot !
 
Solar-7_06
Le jeune homme s’affaira à l’intérieur de son scaphandre lourd. La station spatiale Pineaple opérait à proximité d’une étoile très active, les émissions étaient fortes et susceptibles de ravager une combinaison trop légère en quelques secondes. Teo avait encore du temps devant lui mais même bien équipé il ne pouvait pas rester trop longtemps dans l’espace, il lui restait pratiquement deux kilomètres à parcourir dans le vide interstellaire pour rejoindre le sas de la station. Il s’acquitta de sa tâche en un peu moins de douze minutes. Malgré son jeune âge peu de techniciens dans ce domaine pourraient faire aussi bien que lui, Tim Eroll avait eu le nez fin en recrutant ce jeune homme rêveur et surqualifié mais inexpérimenté.
– J’ai terminé monsieur, tout fonctionne conformément. Je rentre sur Pineaple.
– Excellent, passez me voir dans mon bureau dès que vous pourrez, nous allons avoir une inspection de l’advocacy.
– Euh….oui d’accord, très bien monsieur.
Teo prit une impulsion sur le flanc de la foreuse et se propulsa dans l’espace, corrigeant sa trajectoire au jetpack à quelques reprises, mais il l’utilisait le moins possible, appréciant l’inégalable sensation de flotter dans l’espace plus que n’importe quelle autre.
 
Il fut de retour dans les temps, sa combinaison en bon état, et son travail bien accompli. Malgré tout, comme à chaque fois pour lui, le retour au “sol” était atterrant. Il retrouvait son corps écrasé par la gravité, lourdement assit ou marchant par saccades disgracieuses. Comme à chaque fois, à peine rentré il regrettait cette activité jouissive qui était de se déplacer en zéro-G.
Une douche froide lui fit le plus grand bien, c’était un assez charmant jeune homme de vingt quatre ans métissé aux traits asiatiques et indiens. Il était de taille moyenne, la peau mâte et le corps harmonieusement proportionné. Son visage avait des traits fins et son regard sombre respirait la passion, par contre il ne prenait pas forcément grand soin de son apparence, s’habillant de vêtements souvent trop larges et négligeant une chevelure couleur ébène qui avait tendance à partir un peu dans tous les sens. Il gardait en permanence une bouille d’intellectuel rêveur qui le desservait régulièrement en société.
Alors qu’il achevait de se rhabiller, il reçut un appel, décrochant vite son mobiglass.
– Allo oui ?
– C’est moi, t’as géré ? répondit une voix féminine au ton familier.
– A propos de la sortie ou à propos de ton excuse ?
– Bah, la sortie d’abord quand même, j’ai une conscience professionnelle aigue, p’tit con !
– C’était un problème de transmission entre le générateur et la foreuse, j’ai géré. Et sinon Eroll a eu l’air de gober pour le soit disant souci d’étanchéité de ta combi mais faudra que tu files quelques crédits à Matt à l’atelier…. Et tu m’en dois une Three-B !
– Ouai ouai c’est cool merci.
– Bon j’te laisse Eroll m’a convoqué, apparemment la station va avoir une visite de l’advocacy j’ai pas trop compris en quoi ça me concernait mais bon je vais aller voir.
– L’advocacy ? qu’est ce qu’ils branlent ici ces grattes paperasses ?
– Aucune idée.
Three-B grommelait au bout de la ligne, il allait raccrocher mais elle l’interpella.
– Oh attend s’te plais, hier comme une naze j’ai oublié mon sac à dos dans mon casier, comme t’es à coté tu peux me le récupérer et me le ramener ? J’serai au bar.
– T’es “toujours” au bar. Ok j’te le récupère mais j’te l’amène après Eroll hein !
– Ouai pas de soucis, merci t’es un chou.
– Et toi une profiteuse !
– Tu dis pas ça quand j’empêche les autres blaireaux de te bizuter…
– C’est sur mais vu que tu me bizutes toi même ça compte pas !
Elle rit avant de raccrocher, il fit de même. Puis il secoua la tête et alla récupérer le sac de sa fainéasse de collègue. Elle était bourrée de défauts autant que de qualités mais il n’aurait changé de partenaire pour rien au monde car sans elle pour veiller sur ses fesses il aurait bien trop de problèmes avec la grande majorité de la population de Pineaple. Il se dirigea vers les bureaux de la direction, ou son patron passait le plus clair de son temps.
 
Teo déambula à travers les couloirs métalliques, sales et étroits de la station jusqu’aux quartiers de la direction, un peu plus spacieux. Il arrangea ses cheveux comme il pu avant d’entrer dans le bureau du patron, qui était parfois tatillon sur la présentation.
 
– Assieds toi. Nous n’en aurons pas pour très longtemps.
Tim Eroll était un homme grisonnant et un peu rondouillard d’une cinquantaine d’année, il était noir de peau et portait toujours un costume uni gris impeccablement repassé. Le jeune homme s’installa sur le fauteuil placé devant le bureau, déposant le petit sac à dos de Three-B à ses pieds. Eroll lui se tenait debout, dos à lui, en train d’observer les arrivées de vaisseaux au hangar de la station par la vitre de son bureau.
– Kerrigan est arrivée deux semaines après toi sur la station, pour te relayer et t’assister dans ton travail. Maintenant ça fait presque six mois que tu officies en équipe avec elle au service de maintenance, est ce que tu as remarqué des choses anormales chez elle ?
– Euh, et bien des tas patron, elle est originale mais elle travaille super bien et elle n’a jamais rien fait de mal, hésita le jeune homme.
– Je sais que tu l’apprécies et qu’elle t’a bien aidé dans ton intégration, mais d’après le rapport que je viens de recevoir, il semble qu’elle ait menti sur un certain nombre de choses la concernant.
– Que… que voulez vous dire ?
– Elle à pratiquement ton âge mais elle n’a pas fait d’études elle, et elle a manifestement déjà bien roulé sa bille. Elle aurait plusieurs délits mineurs à son actif, et là elle est clairement soupçonnée de faire de la contrebande de matériel de pointe.
Eroll se retourna pour bien fixer Teo. Celui ci semblait tout penaud, il tombait des nues.
– Je… elle ne m’a jamais parlé de quoique ce soit d’illégal monsieur.
– Tant mieux, car je ne voudrai pas que tu te retrouves mêlé à tout ça ! Je n’ai pas envie de te perdre Vinyan.
– Mais… Elle risque quoi ?
– L’advocacy envoie un vaisseau de la sécurité militaire à la station, il ne devrait plus tarder à arriver. Ils vont procéder à une perquisition et vous logez dans le même module. Ils vont tout fouiller.
– Je… Je vois, je… on a rien à se reprocher.
– Toi non, mais elle nous n’en savons rien. Je vais t’affecter à l’atelier pendant la perquisition et je répondrai pour toi aux questions des militaires, en attendant je t’interdis de te retourner à tes quartiers, et je t’interdis d’aller voir Kerrigan.
Teo ne pu s’empêcher de regarder le sac à dos à ses pieds, intérieurement il hésitait furieusement, mais finalement il ne put se résoudre à confier le sac à son patron ainsi.
– Très bien monsieur, je vais à l’atelier.
Il se leva et quitta la pièce sans demander son reste, reprenant le sac sur son épaule alors que Tim Eroll reprenait sa contemplation de l’espace. L’appareil de l’UEE était en approche.
 
En proie à des sentiments assez controversés et oubliant la consigne de son chef, le jeune Teo dévalait les couloirs vers le bar de la station, lieu de regroupement favori de tous les travailleurs au repos durant leurs quarts. Et lieu ou mauvaise musique côtoyait allègrement les bières de piètre qualité.
 
Il arriva tout échevelé au beau milieu du brouhaha incessant des employés de Pineaple, qui avait au moins le mérite de couvrir l’ignoble chanson banu* qui résonnait dans les enceintes. Se frayer un chemin au travers de toute l’agitation de ce lieu n’avait jamais été son fort, il se fendait de pardons maladroits au rythme des coups d’épaules qu’il se prenait en avançant dans la marée d’ivrognes en devenir. A cette heure, il y avait BEAUCOUP de monde dans le bar !
Il arriva enfin à repérer son amie et collègue, assise à une table avec une autre femme qui n’avait strictement rien d’une résidente de la station. Inquiet, il s’approcha tout de même, tenant fermement le sac et dévisageant la personne attablée avec Three-B. C’était une grande blonde aux cheveux longs, jeune, particulièrement belle et proprement habillée qui jurait par rapport au reste de la population locale. Elle jurait d’ailleurs tout autant avec miss Kerrigan, qui représentait le stéréotype du garçon manqué autant dans son style vestimentaire que dans son attitude très masculine.
Three-B était vulgaire, musclée, brutale et même si elle avait une jolie petite bouille elle était l’opposé de son interlocutrice.
Au moment ou il s’installa à la table pour interpeler sa partenaire, celle-ci le coupa d’un signe autoritaire.
– chhhht, attends !
Il fit mine d’insister mais elle frappa du poing sur la table.
– ATTENDS…. s’il te plais.
Il dégluti, comme souvent, épaté par le punch de sa collègue.
L’autre femme les regardait tous deux, elle demanda.
– Qui est-ce ?
– C’est mon pote Teo, mais on s’en fout là, d’abord notre marché ma belle ! Si tu veux ta clé mémoire à la con gratuitement, faudra me battre. Et si tu perds, c’est une nuit avec moi.
Vinyan écarquilla les yeux, interloqué.
L’interlocutrice elle, fixa de nouveau Three-B qui posait son coude sur la table et ouvrait la main pour inviter la blonde à faire de même.
– Bras gauche, il faut que ce soit du bras gauche ! exigea la grande blonde.
– Pourquoi ?
– C’est… mon bras le plus fort, et j’ai un tout petit problème du droit !
– Comme tu veux ma poupée.
– Je ne suis pas une poupée, et encore moins “ta” poupée, lança-t-elle irritée.
– tu diras pas ça d’main matin.
Les deux jeunes femmes se fixaient maintenant avec une intensité qui évoquait presque un duel au Far West. Finalement elle posèrent chacune leur coude gauche sur la table et s’attrapèrent les mains. Teo n’en revenait pas.
Elles allaient “jouer” au bras de fer alors que les militaires étaient sur le point de débarquer pour arrêter Three-B. Teo se devait d’essayer encore de les avertir !
– Ecoutez je ne veux pas vous déranger mais l’advoc…
– On cause dans trente secondes mais d’abord je l’étale, dit sèchement Havana, le coupant autoritairement…
 
…Dix sept secondes de lutte intense entre les deux femmes se conclurent par une victoire assez aisée de miss Kerrigan malgré une résistance aussi teigneuse que frustrée de la part de son interlocutrice.
Three-B hurla joyeusement sa victoire poings levés alors que la perdante ruminait, son regard lançant des éclairs.
– C’est vraiment n’importe quoi, je suis sure que tu as des bras cybernétiques.
– Ah ah ah c’te mauvaise perdante ! Je vais adorer notre nuit poupée !
Tout à fait blasée et résignée, la blonde s’affala sur sa chaise en maugréant. Mais le jeune Teo Vinyan, tout à fait inconsciemment, lui vint en aide.
– A ce propos, intervint Teo. Three-B, y’a des mecs de l’armée qui vont débarquer sur la station pour perquisitionner notre module, ils pensent que tu caches du matos de contrebande, alors dis moi que ce qu’il y a dans ce sac n’a rien d’un matos de contrebande s’il te plait !!!
La blonde se figea sur sa chaise, scrutant autant Teo que Kerrigan. Three-B fut tout aussi surprise et choppa le jeune homme par le col.
– T’es sérieux ? Bordel de face de banu.
– Ouai, super sérieux, ils sont déjà là si ça se trouve, Eroll était au courant, mais… C’est vraiment sérieux ?
– Les enfoirés !
– Three-B, réponds moi !
 
Celle-ci hésitait un peu, la blonde elle, ne loupait pas une miette de l’altercation.
– Three-b ! insista-t-il encore.
– Ouai ouai ouai, ouai c’est sérieux. Enfin c’est pas de la drogue ou une merde de ce genre, c’est juste une sorte de jeu vidéo, j’pensais pas que ce serait si important, c’est ma foutue soeur qui m’a refilé c’truc !
Teo et Kerrigan discutèrent frénétiquement des options possibles pendant que la blonde réfléchissait en silence, et observait attentivement l’environnement, ce fut d’ailleurs la première à remarquer l’arrivée dans le bar de quatre soldats de l’UEE armés. A ce moment précis elle interrompit leur discussion.
– Ils sont là, écoutez, je peux vous débarrasser du problème aisément. Donnez moi simplement le sac, quand ils auront fouillé votre module je serai déjà loin.
Teo sembla trouver que c’était une excellente idée, Three-B elle, beaucoup moins.
– Et ma nuit avec toi ?! Je l’ai gagné.
– Three-B arrête, t’es vraiment cinglée hein ! coupa Teo, tendant le sac à la blonde.
La blonde ne se fit pas prier pour attraper le sac, surveillant encore les soldats du coin de l’oeil. La population du bar n’était absolument pas ravie de leur présence.
– Dites, vous pourriez faire une petite… diversion pour que je sorte d’ici ? demanda la grande blonde.
Teo regarda la blonde d’un air très couillon. Three-B elle, s’illumina d’un large sourire, se leva et hurla en se jetant rageusement sur le premier péquin venu, puis le second, déclenchant rapidement une gigantesque castagne dans le bar des mineurs.
Prit en plein tumulte, Teo survivait comme il pouvait et essayait d’aider la blonde à se tirer de ce guêpier. Elle se faufilait habilement, esquivant coups perdus et chopes de bières volantes, l’endroit devenait tout à fait chaotique et les soldats eux mêmes avaient bien du mal à progresser au milieu de la pagaille.
Le pauvre Teo fut pris à parti par un furieux qui voyait en lui une cible facile mais la blonde parvint à tirer le jeune homme brusquement, lui évitant un coup de poing et effectuant un formidable croc-en-jambe sournois à l’agresseur. Pour conclure, elle tira le jeune homme à elle et lui déposa un adorable baiser sur les lèvres.
– Merci infiniment Teo, tu as été épatant !
Il se décomposa sur place, incapable de dégoiser deux mots intelligibles.
Elle le laissa en plan et se faufila à travers les cuisines du bar pour en sortir, tenant fermement son bien. De retour dans les couloirs de la station, elle ouvrit le sac et prit l’appareil VASS, sortant la clé mémoire et la glissant dans sa poche. Elle allait repartir mais elle fut subitement agrippée par une poigne solide…
Three-B, qui l’avait suivi, l’attira à elle et la plaqua contre le mur.
– Et ma récompense ?
– Je… On a pas le temps !
– Comment tu t’appelles ?
-….Kiani
– Kiani comment ?
– Cole
– Cool, moi c’est Havana, Havana Kerrigan, mais on m’appelle Three-B.
– Oh, et… Ca signifie quoi Three-B ?
– Baston, Baise et Biture.
 
Kiani resta interloquée un instant et Three-B en profita pour l’embrasser passionnément, totalement de force. Au bout de quelques secondes la blonde repoussa vivement la folle furieuse.
– T’es…RAAAH !
Three-B se marra.
– A plus poupée, j’te retrouverai !
– JAMAIS ! répondit Kiani en filant dans les couloirs étroits de Pineaple vers le hangar ou attendait l’Heraldess.
 
Vous croyiez que je vous avais oublié n’est ce pas ? J’aurai bien prolongé le suspens quelques paragraphes encore mais je me sens obligée d’intervenir pour clarifier certains des évènements qui se sont produits ces derniers paragraphes.
Primo soyez certains que je l’ai laissé gagner au bras de fer, j’avais très bien analysé qu’elle serait encore plus insupportable si elle perdait, blessée dans son orgueil telle une bête sauvage.
Deuxio Téo est mignon, ça ne coutait rien d’y goutter.
Tertio, je vous assure que Havana Kerrigan, alias Three-B, Bric Broc et je ne sais plus quoi…ne me retrouvera jamais.

 
JAMAIS !
 
Quelques minutes plus tard…
 
Une tornade blonde entra dans l’Heraldess et réveilla le pilote en sursaut.
– Je l’ai, dit-elle en secouant le sac. Il faut qu’on décolle vite d’ici, enchaina-t-elle en allant maintenant secouer Cole.
Celui-ci s’extirpa de la petite couchette, et s’étira comme il pouvait, littéralement mis sous pression par sa chère et tendre nouvelle fille.
– Déjà ? Mais ça fait à peine une heure.
– Je suis efficace, tu devrais être content non ?
– J’te signale que j’ai piloté pendant quarante heures non stop avant cette sieste trop courte.
– Oh, certes… Mais il faut qu’on s’en aille très vite quand même, il y a des soldats qui fouillent la station à la recherche de l’exemplaire de VASS à l’instant même.
Cole fronça un peu les sourcils tout en démarrant l’appareil et en s’installant.
– Qu’est ce que t’as foutu ?
– Absolument rien, il va falloir me donner des détails sur ce jeu, “papa”…
 
Après une demande de décollage en bonne et due forme auprès du service de contrôle de Pineaple, l’Heraldess quitta la station.
Cole prit alors le temps de lui expliquer que la corporation Original System, qui avait créé notamment le célèbre Arena Commander, était à l’origine de la conception de VASS. Dans l’idéal, ce programme devait devenir le socle d’une nouvelle génération de programmes de loisirs basés sur une interaction directe entre la technologie et le système nerveux via l’inconscient du “joueur”, matérialisé pas ses propres rêves. Cependant un sombre comité d’éthique de l’UEE avait jugé cette avancée potentiellement dangereuse sur le plan social et avait donc fait pression sur Original System pour abandonner le projet ou au moins le reporter. A partir de là, le producteur de VASS décida de développer une version clandestine du jeu en toute illégalité vis à vis d’Original System.
Aujourd’hui, c’est cette version du jeu que les “amis” de Cole voulaient récupérer après avoir volé le vaisseau hébergeant le code original du programme au producteur hors-la-loi. Il expliqua que ses amis souhaitaient préserver les connaissances liés à cette nouvelle technologie tout en regroupant suffisamment de preuves pour faire condamner le producteur.
Il expliqua enfin que soit ce fameux producteur, soit Original System était surement en train d’user de son influence pour se faire aider de l’advocacy voire d’un assassin professionnel pour récupérer tout ce qui avait trait à VASS de la manière la plus discrète possible.
 
La jeune femme venait de quitter une secte d’assassins pour se retrouver au beau milieu d’une affaire de contrebande technologique bien mystérieuse auréolée d’affaires de gros sous.
 
Leur discussion s’arrêta abruptement, alors que Cole détecta au radar un petit vaisseau qui avait tout l’air d’être en train de les suivre.
– Miss, tu te souviens de la procédure x15 dont je t’ai parlé quand je t’ai formé sur les systèmes du vaisseau ?
– Oui pourquoi ?
– Place toutes les cartes mémoires dans le coffre et lance la procédure. On est suivi et j’veux pas prendre le moindre risque.
Kiani s’exécuta efficacement, elle avait très bien assimilé les différents process que Cole lui avait brièvement enseigné sur le fonctionnement du Herald.
– Il nous suit de près ? demandait-elle
– Il reste loin d’la distance “agressive”. Et…il vient d’envoyer un message écrit.
 
“J’ai réparé le distributeur.”
 
– Ca t’évoque quelque chose ? demanda Cole.
Il ne fallu pas longtemps à Kiani pour s’irriter, rejoignant Cole dans le cockpit.
– C’est Stone, un salopard de tueur gominé et anorexique à la voix de castra ! C’est un message à mon attention.
– Le type sur Rytif alors ? Il ne s’découvre pas dans son message, il est surement pas sur que c’est toi. On va essayer de l’leurrer un peu.
Cole alluma le canal de communication pour entrer en contact avec le vaisseau en filature, il se présenta.
– Ici Cole le mailman pour le Terra Telegraph, un message à faire passer plus vite que les relais ? tu frappes à la bonne porte camarade ! On s’prend un verre sur Pineaple ?
Quelques secondes passèrent sans réponse, puis le vaisseau se dérouta, partant vers une autre direction. Cole et Kiani le suivirent sur le radar un moment.
– Il va ou là selon toi ?
Cole grimaça un peu à cette question.
– J’crois qu’il se dirige tout droit vers notre prochaine destination ma jolie.
– Et puis-je savoir quelle est notre prochaine destination ?
– Terra, là ou habite le producteur pourri.
Kiani soupira, mais l’attitude déterminée, elle demanda de suite.
– Est ce que tu penses qu’on peut arriver avant lui en prenant un itinéraire détourné.
– On va essayer ça, répondit Cole tout aussi concentré.
– Ca va aller toi ? tu vas tenir le coup ?
– Ca irait mieux si tu pouvais prendre un peu le relais au pilotage.
– Je…suis une très médiocre pilote, répondit-elle à mi chemin entre gênée et irritée.
– Tu connais les bases non ? Tu saurais tenir le manche quelques minutes et suivre un itinéraire assisté par le pilotage automatique ?
Elle dégluti et répondit.
– Probablement.
– Prends ma place alors, je vais te donner quelques cours accélérés tant qu’on sera tous les deux éveillés.
Elle ruminait.
– Je déteste ça !
– T’as eu une mauvaise expérience en pilotant ?
– Non, c’est juste un gout, je n’aime pas ça !
Cole s’approcha tout près d’elle avec un sourire taquin.
– C’est une phobie ?
Elle le foudroya du regard.
– G, O, U et T, GOUT ! Inutile de chercher une autre explication, je n’ai simplement aucun gout pour le pilotage, débat clos !
Elle lui repoussa le visage en arrière et enchaina.
– Fais moi donc ta leçon à la noix, je…consens à essayer de te seconder un peu !
 
Tous deux se mirent au diapason. Ils devaient trouver un itinéraire bis pour le long trajet qui les attendait et se relayer le plus efficacement possible pour naviguer tout en gardant du temps en commun pour que Cole puisse former la jeune femme au pilotage et à la navigation. Arriver avant Stone sur Terra était une nécessité.
 
– Tu m’avais pas dit qu’un castra anorexique t’avais mis une raclée…
– Cole, je te maudis.
 
Long silence…
 
– …Et il était armé, j’aurai gagné sinon !
– Ouai, bien sur ouai.
 
Aucun commentaire je vous prie…
 
 

A suivre …

 


 
Solar-7_Kian
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