Note du rédacteur : Cet article est la traduction d’un article d’Eurogamer, site internet spécialisé dans le jeu vidéo, en date du 04/03/2016. Il raconte l’expérience du journaliste sur Star Citizen au travers d’une petite anecdote.

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C’est comme ça qu’on rentre à l’intérieur, idiot de Bertie.

Qu’est-ce que Star Citizen ? Ce projet est si imposant qu’il en est presque devenu incompréhensible. Cent millions de dollars, c’est un sacré pactole, uniquement amassé grâce au financement participatif. Personne n’a vu ce projet venir, gonflé d’ambitions et personne ne semble réaliser ce qu’il est devenu depuis lors.

Star Citizen ne regroupe-t-il pas juste un ensemble de modules ? C’est une question que j’ai souvent entendu. La réponse étant “oui, en quelque sorte”. C’est la clé de voûte du projet : Star Citizen est développé en différents modules qui seront assemblés pour ne faire plus qu’un jeu au final. Arena Commander et Star Marine sont des exemples, des modes de jeu séparés, accessibles via le menu. Arena Commander touche à tout ce qui concerne le vol (bénéficiant de tutoriels, d’un mode de jeu solo ou d’un mode de batailles multijoueurs) tandis que Star Marine concerne l’action qui se déroule à pied, mais ce dernier module n’est pas encore intégré. Il y aura aussi Squadron 42, un module dissocié qui représentera la campagne solo. Mais le plus grand projet reste l’Univers, lieu où tous les éléments s’assemblent pour ne représenter qu’un monde persistant en ligne.

Cet univers vient juste de naître, avec le lancement de l’Alpha 2.0 à la toute fin de l’année dernière (maintenant 2.2). Il vous permet de tester les bases : faire apparaître un vaisseau sur une plateforme d’atterrissage, monter à bord de celui-ci et le piloter jusqu’à une destination parmi plus d’une douzaine proposées. La plupart de ces destinations sont similaires : des satellites de transmissions subissent une attaque de pirates, vous devez les redémarrer manuellement, ce que vous faites en quittant votre vaisseau et en effectuant une sortie dans l’espace. La première fois que vous faites cela, c’est incroyable, sauter dans l’espace profond, avec pour seule compagnie le bruit de votre respiration dans votre casque. Associé à une mise en scène stupéfiante, ce sont des moments mémorables qui sont là, à portée de main.

Mais ce ne fut pas assez pour briser la monotonie et la frustration que Star Citizen me procurait. Il n’y a pas de didacticiel pour vous guider dans cette expérience, ce qui veut dire que vous êtes largué dans le froid et sans aucune explication – bien qu’il y ait un tutoriel pour Arena Commander, qui est d’ailleurs plutôt pas mal fichu. Mais ce n’est pas tant comprendre ce que les vaisseaux faisaient que comprendre ce que moi j’étais censé faire qui me frustrait.

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Ça me semble en bon état !

Je ne m’habituais pas à l’idée d’être dans une boucle sans fin ; faire apparaître un vaisseau, aller à la station de transmissions, la réinitialiser, pour ensuite mourir soit à cause des pirates, soit à cause des bugs. C’est un endroit bugué et ça peut être agaçant. Même faire apparaître différents vaisseaux pour les faire voler devenait usant – bien que les vaisseaux soient tous incroyables – et découvrir une à une leurs animations était un plaisir inédit à chaque itération. Je devais me faire à l’idée : Star Citizen devenait fade. Mais j’ai réalisé quel idiot je faisais et tout a changé.

Tout a commencé lorsque je fus incapable de rentrer dans mon vaisseau : un Cutlass Black. J’étais bien trop embarrassé pour demander de l’aide parce que ça allait forcément montrer que j’étais un noob, et je ne pensais pas en être un. Cela dit je ne pouvais pas tourner autour de mon vaisseau éternellement en faisant comme si tout allait bien, alors j’ai demandé : “Hum, est-ce que quelqu’un sait comment monter dans un Cutlass Black ?”

Et ce gars s’est pointé, est allé directement à l’arrière du vaisseau, a ouvert la porte du cockpit – il s’avère que j’étais une vraie quiche. Il n’était pas obligé de faire ça. Je l’ai chaleureusement remercié et j’ai attendu quelques instants qu’il s’en aille et j’ai sauté vers une destination calme pour souffler un coup. Soudain j’ai entendu des tirs de canons, provenant de mon vaisseau, mais ce n’était pas moi qui tirais. C’était quelqu’un dans ma tourelle. Oh mon dieu. Je l’avais kidnappé !

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Assis sur le toit du, hem, cockpit…

J’étais mortifié mais il n’avait pas l’air d’être bien inquiet. Pas davantage lorsque je nous ai fait exploser en tentant d’atterrir quelque part, et puis j’ai dû effectuer des réparations à une station parce que, eh bien, j’étais en feu. Et non seulement ça ne le gênait pas, mais en plus, il a trouvé ça drôle – comme tout le monde au garage de l’espace. “Le vaisseau me semble en bon état !” a lancé un gars en plaisantant alors qu’il dérivait à proximité.

Une fois les réparations faites, j’étais devenu l’attraction et d’autres personnes étaient arrivées à mon vaisseau. Ils étaient juste venus comme ça, genre salut on vient avec toi même si tu ne nous a pas invités, ce qui m’a mis une pression supplémentaire. Je me suis ramassé quand j’ai voulu fermer la porte arrière pour décoller – et je me suis coincé à moitié à l’intérieur, à moitié à l’extérieur. Les moteurs s’ébranlèrent alors que quelqu’un faisait décoller mon vaisseau, alors que j’étais toujours coincé avec un membre flottant dans le vide.

Et, au milieu des rires sur le tchat général, j’ai réalisé quelque chose : je m’amusais de nouveau dans Star Citizen. J’étais prêt à abandonner mais la communauté m’avait fait revenir, et je commençais tout juste à comprendre ce dont il était question.

Plus tard dans la journée, j’ai vu un ami qui a investi dans Star Citizen à hauteur de quelques centaines de Livres, et nous avons passé la soirée à voler ensemble. Il était en quelque sorte mon tuteur personnel, mon coach, mon mentor, partageant ce qu’il savait, et il en sait un sacré paquet. Il m’a montré les missions qui suivaient celles des stations de transmissions, et par la même de nouveaux décors que j’avais vraiment besoin de voir. Il m’a montré comment les vrais pilotes volent, faisant flotter les vaisseaux comme des fantômes. Il m’a montré des points d’intérêt et m’a expliqué l’univers autour de moi.

Mais ce n’est pas tellement ce qu’il m’a montré que comment il me l’a montré : de manière coopérative, lui et moi ensemble, lui et moi et n’importe qui d’autre qui voulait nous rejoindre pour une balade. Voir une autre personne piloter tandis que vous faites le con à l’arrière, vous flottez au-dessus du cockpit sur le chemin vers une station de transmission, eh bien, c’est cool. Lorsque je manœuvre la tourelle tandis qu’il pilote, j’ai l’impression d’être Luke Skywalker dans Star Wars avec Han Solo aux commandes. “Bien joué p’tit gars…” Pour lui, c’était cela tout l’intérêt de Star Citizen : un groupe de potes partant à l’aventure ensemble, un aux tourelles, un aux boucliers, un aux réparations, les autres faisant peu importe quoi… tout le monde à bord d’un gros vaisseau, en route pour n’importe quelle aventure au programme de la soirée.

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Ça résume tout pour moi – l’aventure, le rêve.

Développez ça pour englober tous les rôles prévus par Star Citizen, comme mineur, pirate, seigneur de guerre, chauffeur de bus – chauffeur de bus ! – mécanicien, et ainsi de suite et ça commence à vous donner une idée du projet global. Pour le moment, c’est une idée encore en incubation, avec des systèmes absents ou peu développés, dans un chaos restreint par des instances limitées à 16 joueurs.

Mais il y a déjà une atmosphère, une petite lueur de magie, reste à voir comment la communauté se comportera lorsqu’il y aura davantage de choses à voir – et à perdre également. Alors que les couches s’ajoutent et que les échelles grandissent, tentez d’imaginer, imaginez les possibilités. Voilà l’espoir avec lequel la communauté de Star Citizen vole, et pourquoi le projet lui tient déjà tant à coeur. C’est le jeu que mon ami a toujours voulu depuis qu’il est tout petit. Va-t-il réussir à prendre vie malgré l’ampleur du projet ? Je pense que d’une certaine manière, c’est déjà le cas.


Source de cet article | Traduit par Aelanna, relu par Lutenar, Silkinael

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