Et si on défendait Star Citizen ? – Episode 5

Article 5

Note du rédacteur : J’aimerais placer cette dernière tribune en oubliant toutes les questions argumentatives cherchant à défendre ou attaquer Star Citizen par A+B sur le plan technique ou sur des considérations d’avancement du développement. Ce conflit, selon moi, oblitère presque totalement l’aspect humain et le contexte communautaire qui gravitent autour. Et je sais que poster un tel article sur StarCitizen.fr revient à prêcher des convertis, mais je n’ai pas tellement la possibilité de le faire diffuser ailleurs. De toute manière c’était le dernier article. Wala.

“Ils ne savaient pas si c’était vrai, mais ils y ont cru.”

Tawn Mirak

Après une très longue réflexion sur la validité de la série, sur notre légitimité à en parler, sur l’aspect réceptif limité que nous impose la bulle naturelle autour de Star Citizen, et surtout au regard de l’évolution des choses, j’ai pris la décision de clôturer cette série d’articles, que je pensais plus longue, mais qui au final, malgré toute l’objectivité que je me suis efforcé d’instiller, ne peut qu’être totalement subjective. En finalité, il est à constater que la dynamique qui nous anime tous ici est aussi celle qui nous est le plus reproché : le fait d’y croire.

Et c’est là-dessus que je voudrais placer le point final, d’une manière totalement subjective, d’un avis personnel parfaitement assumé, une dernière fois.

Star Citizen est une aventure humaine qui, avant d’être la création d’un jeu, est la création d’une communauté. Le jeu existe par et pour les volontés qui s’agglomèrent autour de lui ; Chris Roberts le sait, CIG le sait, la communauté le sait, et les détracteurs le savent. Si on lui retire ce support, il n’est plus possible de savoir si sa finalité est la réussite ou l’échec.

Vouloir prouver l’un ou l’autre est la manifestation de deux intérêts opposés, et pas l’envie neutre qui anime pourtant la création du projet : celle d’expérimenter un jeu vidéo qui propose quelque chose qui parle à des passionnés, quoiqu’il advienne. Le projet apporte quelque chose de nouveau, quelque chose d’inédit, aux promesses parfois trop grandes et auxquelles on veut croire malgré tout. Leur aboutissement [à ces promesses] est lui-même lié à la communauté, parce que seule son expansion leur permet de prendre corps au travers de moyens financiers, humains, et finalement techniques, qui apportent et apporteront le soutien nécessaire à ce qu’elles deviennent réalisables. Faire disparaître ce soutien avorte toute possibilité de proposer un jour ne serait-ce que l’ombre d’un prototype à la communauté, ce qui encenserait toutes les critiques qui supposaient allègrement l’échec.

J’ai voulu me poser une ultime question : tous ceux qui tentent de prouver par un talent argumentatif, au travers de sources, de faits, que Star Citizen est voué à se vautrer ou n’a aucun avenir : où est leur intérêt, quelles sont leurs raisons ? Hormis la satisfaction prophétique d’avoir vu juste et de pouvoir jeter au visage des “fanboys” tant honnis le fameux “je vous l’avais bien dit”, quelle autre finalité existe-t-il dans leurs propos ? Difficile d’y voir une forme d’altruisme, une volonté d’empêcher plus d’âmes perdues de rejoindre quelque chose qui n’a, selon leur point de vue, aucune viabilité ; en voilà un argument qui a bon dos. Un exercice de style, alors ? Ou oserais-je dire que les tendances sont alléchantes ? Informer, tergiverser sur la réalisabilité du jeu, est une chose, beaucoup d’articles le font très bien (beaucoup, aussi, font une pub démesurée de Star Citizen, ce qui n’est pas forcément pour lui bénéficier) ; prendre position contre le jeu et en faire, c’est sensible, une cible à abattre, en est une autre. Où est l’intérêt ? Pourquoi chercher à déchaîner les passions sur des considérations aussi subjectives ? Malheureusement, je ne pense pas réussir à – ni même vouloir – répondre à cette question. Je ne peux que déplorer.

Cela dit, je ne pense pas me tromper en disant que l’image du donateur fou, achetant à la chaîne des vaisseaux en JPEG et sortant armes et armures lorsque la moindre critique s’élève, est fausse. Il semblerait que ce soit une généralisation acquise et étiquetée sur le front de toute personne qui s’approche un peu trop près de Star Citizen et de son microcosme. De Facto, avoir investi dans le projet impliquerait que le moindre propos sur le jeu soit intéressé. L’argent nous retirerait tout droit de réponse : “t’as payé, t’assumes ; tu as tout intérêt à défendre le jeu puisque tu as des sous dedans, chacun de tes arguments, même modéré, cherchera en finalité à l’encenser”. Refuser toute défense de Star Citizen sur cette raison, c’est retirer ce droit à la parole que tout détracteur s’arroge ; c’est profondément ironique, n’est-ce pas ? Hors le fait que lorsqu’une argumentation se base sur le fait d’avoir simplement le droit de s’exprimer (dieu sait qu’internet en est la personnification) elle devient rapidement fallacieuse, je ne vois aucune forme possible de débat sain à cause de cette polarisation “Haters/Fanboys” ; sachant que chaque partie s’affirme toujours comme la plus raisonnable. C’est infiniment dommage et dommageable.

Et là je vais être personnel, et sans doute botter en touche ceux qui pensent qu’un rédacteur dévoué au projet ne peut qu’être complètement vendu à Chris Roberts et au sacro-saint nom de Star Citizen. Si j’ai personnellement foi en la réalisation du jeu, je ne l’ai pas aveuglément (et la majorité des gens sérieux ici sont dans le même cas que moi, j’en suis certain) ; foi que je qualifierais d’ailleurs plutôt de confiance, cette dernière étant bien évidemment prudente. Des événements comme la CitizenCon de 2016 (qui aura brillé par l’absence de tout ce qu’elle laissait attendre) ont évidemment don de provoquer questions et remous. Oui, le Starcitizennien n’est pas une bête bête qui ne remets jamais en cause le développement. En doutiez-vous ? Jusqu’à preuve du contraire, même un passionné est une individualité humaine qui ressent le doute et se pose des questions ; il puise simplement satisfaction de vivre sa/ses passion(s). De mon côté donc, une longue expérience de sceptique lentement convaincu, qui garde des réserves, même s’il ne les manifeste pas forcément.

Au final, que le jeu soit un succès ou un échec, il aura réussi le pari de passionner une communauté pendant des années, de la garder active, hypée, prête à s’investir et à donner du temps pour une idée qui les faisait rêver. Le jeu vidéo en général, son industrie et sa communauté de joueurs, a tout à gagner que Star Citizen voit le jour. Pour prouver qu’un jeu indépendant, sans éditeur, peut proposer un mode de développement alternatif viable, et un jeu de qualité sans interventions financières extérieures. Pour prouver, peut-être, qu’un jeu a beaucoup à gagner à se reposer sur ceux qui y jouent en finalité, plutôt que sur ceux qui investissent de leurs fauteuils en cuir, pour uniquement se satisfaire de l’argent qu’il produira. Pour prouver, enfin, que malgré les tracas et les obstacles, un projet indépendant peut arriver à terme et rendre heureux toute une communauté de personnes qui n’attendent que ça, et rien d’autre – rien, dans l’absolu, qui n’offense qui que ce soit (ou alors pas pour de bonnes raisons).

À l’inverse, que provoquerait une chute de Star Citizen ? Le désaveux du financement participatif dans toute sa splendeur (oserais-je dire que toute une frange de l’industrie vidéoludique ne peut que s’en satisfaire ?) ; une perte d’argent de ceux qui ont investi (somme toute, le pari de tous ceux qui placent leurs espoirs dans un projet ; ça ne serait pas exceptionnel, juste très médiatisé) ; la chute de Chris Roberts et de CIG…dans cette courte liste, je ne vois nulle part un avantage, pour qui que ce soit. Ou alors il est juste fourbe et égocentrique.

Osez, mes amis, croire en Star Citizen ! Et par là, je ne dis pas “achetez des concepts et des vaisseaux numériques à des prix exorbitants” (sans compter que le jeu est jouable à partir d’un prix basé sur les tendances du marché, pour celui qui a simplement envie d’avoir les mains dessus (une précommande, en somme), et qui ne fait pas le choix d’être un investisseur d’importance), je dis simplement : Star Citizen est la vision d’un jeu qui ne peut qu’apporter du positif au jeu vidéo et à sa communauté de joueurs. Internet nous donne l’incroyable possibilité de soutenir des projets dans lesquels on peut s’identifier ; en s’informant dessus, pour décider s’ils valent la peine que l’on s’y intéresse. Star Citizen, pour vous, peut être l’un de ces projets comme il peut ne pas l’être ; le choix vous incombe, personne d’autre que vous ne peut prendre cette décision. CIG fait peut-être tout pour qu’elle lui soit profitable, par intérêt, mais le studio ne fait qu’influencer, comme toute personne qui a un intérêt vital à ce qu’une tendance aille à son endroit.

Quoi qu’il en est dit, la communauté de Star Citizen – la communauté francophone, ici – n’est pas un rassemblement sectaire de personnes qui n’ont qu’en tête de vivre par et pour Star Citizen. Les plus fervents sont très souvent les plus raisonnables (voire sceptiques), et les moins fervents ne désirent rien de moins que de voir le jeu sortir, sans histoires aucunes auxquelles ils ne souscrivent pas. Tout ce beau monde n’a peut-être pas en tête ce qui se passe à l’extérieur (et surtout pas qu’il y est jugé – durement – bien plus qu’il ne juge cet extérieur), surtout parce que tout ce qui lui importe, c’est que le projet prenne forme. Contrairement aux fantasmes, tout ces passionnés ont une vie, et font la distinction entre ce qui concerne le jeu, et ce qui concerne la réalité.

En conclusion : nous avons tous la tête dans les étoiles, mais les pieds sur terre.

Et gardez-la là-haut, surtout. 

La rédaction.

Relecture par Hotaru

Et pour tous ceux que la numérotation “5” intriguent, et qui veulent découvrir le contenu frelaté des articles précédents, faites-vous plaisir (ou douleur, je juge pas) :

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