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Résumé du chapitre 2 :

 

Alors qu’il vient d’apprendre la disparition de l’une de ses collègues dans des conditions encore mystérieuses, Mark prend un repos pour faire le vide. Mais cette triste histoire le rattrape vite, puisque la sœur d’Agatha Fuentes, Jade, l’appelle. Face à la détresse de son amie et la situation dans laquelle se trouve le CEREXX, le jeune xénobiologiste décide de mener lui-même l’enquête. Quitte à se faire rattraper par les autorités et perdre tout espoir d’acquérir un jour la Citoyenneté…

 

  • Bonne lecture !

 

Un secret impérial

Chapitre 3

Mark se réveilla de bonne heure. Trop tôt, pour ainsi dire. Le jour ne s’était pas encore levé, mais les lumières de veille des appareils électroniques du salon suffisaient amplement pour y voir. Le trentenaire n’était pas chez lui, il était toujours chez sa collègue disparue, hébergé par la sœur de cette dernière. L’horloge de son réveil ne se trouvait pas au plafond, d’épais rideaux masquaient la large fenêtre de la pièce, et son dos lui faisait atrocement mal.

Le fauteuil sur lequel il avait dormi était outrageusement inconfortable ; Mark aurait parié qu’en se levant, le coussin du dossier aurait la même forme qu’avant son passage, tant il était dur. Pendant la nuit, ses pieds avaient ouvert l’un des nombreux raccommodage du pouf. Comme par réflexe, ils s’y étaient enfouis, comme s’ils cherchaient une couette sous laquelle s’abriter.

Il finit par se lever, péniblement, et prit quelques instants pour faire des étirements. Cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi engourdi. Dans la partie cuisine de la pièce, il regretta encore plus amèrement de ne pas avoir dormi chez lui : les soeurs Fuentes n’avaient pas de machine à café. Blasphème, elles tournent au thé. Heureusement pour lui, dans sa sacoche se trouvait une petite boîte qu’il emmenait partout avec lui. Ce coffre au trésor renfermait, en plus des gélules nécessaires pour traiter tant bien que mal son hémophilie, quelques doses de vitamines.

Une fois revigoré – ou en tout cas, entre l’ingestion d’une pillule miracle et le début de son effet – Mark fit un brin de toilette dans la salle de bain. Le réseau électrique du quartier laissait à désirer, et l’installation du foyer des soeurs Fuentes était défaillante. L’eau à peine chaude qui sortait du robinet rassura le jeune xénobiologiste quant à sa décision de la veille au soir. Aujourd’hui marquerait le premier jour de son enquête. Son coeur voulait à tout prix réconforter Jade et retrouver Agatha, sa tête voulait protéger son entreprise – et son emploi.

Par où commencer ? se demanda-t-il. Mark n’avait que l’embarras du choix : il se trouvait au domicile d’une personne disparue, travaillait dans la même entreprise qu’elle et côtoyait les mêmes bars. Il savait qu’il devrait commencer ici, chez elle, puisque c’était l’endroit le plus délicat à fouiller et qu’il lui était encore possible de le faire. La veille, Jade s’était lourdement endormie en avalant deux somnifères. Avant d’inspecter la chambre d’Agatha, Mark devait s’assurer d’une chose.

La porte de la chambre de la jeune livreuse était entrouverte. Je ne sais même pas depuis combien de temps je n’ai pas vu de porte manuelle. Mark la fit lentement coulisser, pour éviter tout bruit suspect. Un écran holographique indiquait 5h54 sur le mur faisant face à la fenêtre, elle aussi cachée par un épais rideau. Le geste tremblant, le chercheur claqua des doigts deux fois. Le silence. Puis de nouveau le souffle de Jade, qui dormait profondément.

Dans la chambre adjacente, Mark prit un temps pour observer l’état de la pièce. Une partie des affaires avait été manipulée, retournée, fouillée par les enquêteurs. Le reste était intact, figé depuis le départ de l’occupante des lieux quelques jours plus tôt. La lumière du plafonnier parut agressive, après la pénombre matinale de l’appartement. En outre, cette pièce n’avait, contrairement à la chambre de Jade, pas de fenêtre pour l’éclairer naturellement.

Avant même de commencer ses recherches, Mark analysa méticuleusement les affaires de sa collègue. Dans son esprit, il fit un premier tri, pour fouiller “du plus logique au moins logique”, puis du “plus simple au plus complexe”. Il devait être rapide et discret, mais il ne devait éliminer aucune possibilité pour ne pas gâcher l’occasion. Quitte à devoir déplacer les meubles.

L’ordinateur personnel d’Agatha avait été saisi par la police, ainsi que ses carnets de note. Aussi les premiers objets qu’il étudia furent les livres de chevet. Les premiers et les derniers trucs qu’elle voit chaque jour. Malheureusement pour Mark, ceux-ci ne contenaient aucune note, ni aucun code à base de pages cornées et de lettres grisés. Le xénobiologiste ne perdit pas espoir, il n’en était qu’au début de ses recherches.

Pendant près de deux heures, Mark fouilla tiroirs de bureau, livres, boîtes de vids, dessous de lampe, de supports holo, de pot de fleur, derrières de meubles… À chaque fois, la piste mena à un cul de sac. Le tout, à une allure suffisamment lente pour ne pas faire de bruit, mais avec ce qu’il fallait de précision dans le geste pour passer rapidement à la piste suivante.

Mark finit dépité. La chambre d’Agatha était pour lui l’endroit où il aurait le plus de chance de trouver un indice. Tout ce qu’il trouva fut un papier froissé dans la corbeille, sur lequel était écrit plusieurs mots, rayés, et un dernier non biffé : “ISCARIOTH”. Le nom ne lui dit rien, aussi partit-il du principe que dans le pire des cas, ce n’était que le mot de passe de l’ordinateur personnel de sa collègue.

Soudain, il entendit un bruit de rideaux tirés. Jade s’était réveillée. À pas de loups, il sortit de la chambre, referma la porte et s’installa dans le salon avant que son hôtesse n’arrive. Mark fit mine de consulter le Spectrum pendant que Jade arrivait en se frottant les yeux. “Bien dormi ? lui demanda-t-il.

– Je crois bien, lui répondit la jeune femme. En tout cas, j’ai dormi. Grâce à toi.

– Si jamais tu en veux d’autres, j’ai…

– C’est gentil, mais ça ira, le rassura Jade. Je crois que j’ai eu ma dose de sommeil pour la semaine.

La lumière du jour éclairait désormais le salon, principalement grâce au reflet des vitres des appartements d’en face. Mark et Jade discutèrent de l’actualité en buvant du thé – le chercheur voulut montrer qu’il avait passé la matinée sur mon mobiGlas – mais aussi du programme de la journée de chacun. Pour la livreuse de FTL, ce serait ménage et rangement : inviter son ancien camarade d’université lui avait fait réalisé qu’elle avait perdu pied depuis la disparition de sa soeur. Elle voulait remettre de l’ordre chez elle, pour s’occuper l’esprit d’abord, ensuite pour mieux tenir jusqu’au prochain appel des enquêteurs.

Quant à Mark, il n’avait pas encore décidé. Ou du moins, c’est ce qu’il raconta à Jade, pour ne pas lui révéler son plan. Il ne voulait pas envisager l’option où il ne trouverait rien. Il fallait à tout prix qu’il trouve ne serait-ce qu’un indice lui permettant de comprendre ce qu’il s’était passé, quand bien même ce serait des restes de l’épave du CEREXX XB04, le MISC Freelancer aménagé en vaisseau scientifique qu’avait emprunté Agatha.

La tasse de thé de Jade était vide, celle de Mark était froide. La jeune femme proposa à son invité de rester manger, mais ce dernier hésita. Le temps qu’il se décide, elle s’absenta pour aller prendre sa douche. C’était sa dernière chance. À l’instant même où la porte de la salle de bain fut verrouillée, Mark se précipita dans la chambre de la soeur aînée.

Il savait qu’il était passé à côté d’un détail. Il savait qu’il avait manqué un élément qui pourrait, à lui tout seul, lui donner une réponse. Pourquoi Agatha s’était-elle rendue dans le système Taranis ? Sur quoi travaillait-elle ? Pourquoi un Agent de l’Advocacy enquêtait-il sur cette affaire ?

Il ferma la porte doucement, pour ne pas alerter son hôtesse, puis alluma la lumière. Il refit une analyse rapide de la pièce, comme plus tôt dans la matinée. Son regard s’arrêta cette fois sur la plante verte, posée sur le bureau. Il l’avait déjà inspectée, mais il n’avait même pas remarqué le plus évident : c’était une fausse plante.

La chambre d’Agatha, contrairement à celle de Jade, était dépourvue de fenêtre. Seule la lumière du plafonnier permettait d’éclairer la pièce. Aucune plante n’aurait pu s’y développer correctement sans une aide artificielle. Plutôt que de regarder une nouvelle fois le pot, il observa attentivement le bibelot fait de plastiques et latex industriels.

C’était une réplique d’Éclosion centenaire, une plante Xi’An répandue dans l’UEE et connue pour son fleurissement exceptionnellement rare. L’objet était dépourvu de dôme en verre, nécessaire aux plantes qui poussent dans des socles électroniques pour leur fournir des conditions de développement artificielles idéales.

À la lumière, les feuilles devinrent presque translucides, et ne révélèrent rien. Mark finit par remarquer une petite entaille, sur le côté de la tige. L’incision ne faisait pas plus de deux centimètres de large, et n’était visible que sous un certain angle. Le xénobiologiste – qui s’en voulut de ne pas avoir remarqué plus tôt la fausse plante – se saisit d’un crayon, dont il passa la mine dans la fente. Une petite carte mémoire surgit de la fente, et Mark fut à-même de la saisir du bout des doigts.

Ni une, ni deux, il inséra la carte dans son mobiGlas. Le périphérique ne contenait qu’un seul fichier : une vidéo. Avant de la lancer, Mark jeta un oeil en dehors de la chambre. Il entendit l’eau couler. Il ne lui restait que quelques minutes.

Il lança la vidéo. L’hologramme projeté par son bracelet électronique afficha d’abord un écran noir, puis une silhouette familière apparut. Parée du manteau vert qu’elle portait tous les jours, Agatha Fuentes se tenait devant la caméra. En toile de fond, sa chambre était bien plus rangée qu’à l’heure actuelle. La lecture débuta, et la xénobiologiste disparue s’adressa à la caméra.

“Je m’appelle Agatha Fuentes, je suis une civile de l’UEE et on cherche à m’assassiner.”

 

À suivre…

 

Auteur : Hotaru / Relecteurs : DCVolo, Ireth & Teliopp / D’après une idée de : Duboismarneus & Hotaru

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