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Résumé du chapitre 4 :

 

De retour au CEREXX, Mark a poursuivit son enquête à la recherche d’indices le conduisant à Agatha. Après avoir croisé sa Directrice, il s’est entretenu avec son supérieur direct qui l’a aidé à dissipé une partie du mystère. Le CEREXX avait illégalement acquis des échantillons d’origine Kr’Thak. Mais que faire désormais ? Dans quelle direction aller ? Les choses sont loin d’être terminée, le jeune xénobiologiste a encore beaucoup à faire pour mener à bien sa noble quête…

 

  • Bonne lecture !

Un Secret Impérial

Chapitre 5

Toute cette histoire dépassait de loin le statut des faits divers typiques que l’on pouvait retrouver dans certains journaux Spectrum, même dans les colonnes du New United. Et les proportions que cette sordide affaire prenait allaient bien au-delà de l’imagination de Mark Hoffmann. D’abord des tueurs à gage Xi’An, et maintenant des Kr’Thak ? Le chef du département de Xénobiologie laissa à son employé le temps d’encaisser la nouvelle.

Au fond de lui, Mark savait que son enquête devenait trop dangereuse pour le détective en herbe qu’il était. S’il eut du mal à en croire ses oreilles après l’écoute du message d’Agatha Fuentes, les aveux d’Hiroshi Iwata finirent de le convaincre. Sa collègue disparue s’était retrouvée au coeur d’un conflit galactique. Elle était en grand danger, et ce n’était malheureusement pas la seule.

Tous les civils et les Citoyens de l’UEE, ou presque, connaissaient cette histoire. L’Empire Xi’An, puissance militaire extraterrestre redoutable, abritait de nombreuses merveilles en ses mondes reclus. Paysages surréalistes, créatures incroyables, tout était réuni pour susciter la curiosité, depuis le premier contact avec ce peuple, des touristes, des scientifiques et des chercheurs en tous genres.

Mais bien au-delà de la ligne Perry, derrière les mondes Xi’An, caché de tous, se trouvait le secret le mieux gardé de la galaxie : les Kr’Thak. Au sein de l’Empire Uni de la Terre, personne ne savait à quoi ressemblait ce peuple, quelles étaient leurs coutumes, leurs modes de vie. Les seules informations connues étaient fournies, au compte-goutte, par les autorités Xi’An. Et celles-ci voyaient d’un très mauvais oeil toute tentative de contact avec leur ennemi historique. Aujourd’hui, cela allait pouvoir changer grâce au Centre de Recherche en Xénobiologie et Xénoécologie, qui avait illégalement acquis des échantillons de tissus Kr’Thak.

“Pourquoi travailler sur les Kr’Thak ? demanda fébrilement Mark à son chef de département.

– Pour connaître les Kr’Thak”, répondit en toute simplicité Hiroshi Iwata.”

Mark fut décontenancé, il ne saisit pas où voulait en venir son supérieur. Il était si près du but, et pourtant si loin. Son regard trahit son incompréhension. “Connaître les Kr’Thak, reprit Iwata, c’est comprendre les Xi’An. Découvrir un nouveau monde. Potentiellement faire des avancées scientifiques, minimes comme majeures. Se faire un nom. Entrer dans l’Histoire.”

Entrer dans l’Histoire. Il ne faisait nul doute qu’en perçant quelques uns des nombreux mystères entourant les Kr’Thak, le CEREXX de Terra se ferait un nom à travers toute la galaxie. Sa renommée suffirait à balayer les actes illégaux qui lui ont permis d’entrer en possessions d’échantillons de tissus de ces aliens. Peut-être même qu’en plus d’entrer dans l’Histoire de l’Humanité, le CEREXX serait à même d’être le premier à écrire celle de Kr’Thak. Ou du moins, la réécrire sans l’intervention ni l’influence des Xi’An.

Petit à petit, Mark comprit l’importance et l’ampleur des retombées de la fameuse “publication salutaire”. Pire encore : les dernières paroles enregistrées d’Agatha Fuentes le rattrapèrent. En pensant au temps qui s’était écoulé depuis qu’il avait découvert le message vidéo, il eut l’impression que le sol s’effondrait sous ses pieds, molécule par molécule, atome par atome. Il se sentit tomber, et pourtant il était bien debout, dans le bureau d’Hiroshi Iwata, face à ce dernier. Merde. Les tueurs à gage Xi’An.

Le retour à la réalité fut brusque, presque glaçant. L’histoire prenait peu à peu sens, et Mark s’estimait impuissant. Comment faire pour retrouver Agatha Fuentes avant ces redoutables tueurs ? Comment faire pour la retrouver tout court ? Le temps pressait.

“Si ça ne te dérange pas, Mark, je vais te demander de quitter mon bureau. J’aimerais bien aller manger et…

– Oui, pas de problème, répondit-il doucement à son chef.

– Il me semblait t’avoir validé deux jours de congés, lança Iwata. Profite de ton après-midi, repose-toi chez toi, fais les magasins, je sais pas…”

Le jeune xénobiologiste acquiesça, mais bien évidemment, il ne prêta pas attention aux conseils de son supérieur. À peine sorti du bureau de ce dernier, il partit s’enfermer dans le sien. Il prit soin de fermer la porte, mécaniquement et électroniquement. Même Kern avec son passe-partout à puce ne pourrait forcer la porte. Personne, pas même les employés chargés de l’entretien du bâtiment, n’avaient jusque là remarqué le brouilleur de Mark, dissimulé derrière une goulotte métallique.

Hoffmann n’était pas le seul à aimer travailler seul et en silence, mais c’était assurément le premier et le dernier chercheur du CEREXX à employer une méthode aussi drastique. Comme par réflexe, il activa le tableau digital qui ornait le plus grand mur de la pièce. Personne au CEREXX ne devait découvrir ce qu’il avait découvert. Ni personne d’extérieur au laboratoire, d’ailleurs, alors il l’éteignit aussitôt.

Il fouilla dans ses tiroirs, à la recherche de feutres encore en état de marche. À côté de son bureau, sa pissette était encore à moitié remplie d’alcool. Véritable déformation professionnelle, les chercheurs du labo avaient tendance à se désinfecter les mains à l’alcool à 60°C, produit d’ordinaire utilisé pour nettoyer paillassaes et matériels, plutôt que de se les laver avec un vulgaire savon.

Le plus discrètement et le plus promptement possible, il débarrassa son bureau blanc de tous ses encombrements : tiroirs, terminal privé, dossiers, feuilles volantes… Tout avait été déplacé dans un coin de la pièce. Mark retourna le lourd bureau d’acier pour le mettre sur le côté, et se servir de sa surface supérieure comme d’un tableau. Le bureau lui échappa du bout des doigts. À la dernière seconde, il retira son pied qui faillit être écrasé. Plus de peur que de mal, aucun hématome à déclarer aujourd’hui.

Méthodiquement, Mark écrivit tous les éléments qui lui venaient à l’esprit : date à laquelle Agatha Fuentes avait été officiellement portée disparue, le nom et le type de vaisseau qu’elle avait emprunté au CEREXX, le statut du système Taranis… Puis, après avoir listé tout ce qui lui semblait constituer le premier socle de cette histoire, il ajouta d’autres éléments qui lui permettraient de prendre du recul : les destinations des points de saut des systèmes Terra et Taranis, la présence de tueurs à gage Xi’An, le conflit vieux de sept-cents ans impliquant les Kr’Thak, et tant d’autres choses.

Pendant près d’une vingtaine de minutes, Mark Hoffmann se tint accroupi, face à son tableau de fortune. Pendant de longues minutes, il décortiqua chaque mot qu’il avait écrit, chaque cercle qu’il avait tracé dans l’espoir de nouer d’autres relations, l’emmenant vers une nouvelle piste. Quelque chose lui échappait, là, juste sous son nez, mais il ne savait pas quoi.

Le temps continuait de défiler et le stress envahissait toujours plus Mark. À plusieurs reprises, il effaça ses notes à l’aide de sa pissettes d’alcool et d’un vieux chiffon, pour les réécrire sous d’autres formes, ou dans un autre ordre. Le premier de ses deux feutres avait d’ores et déjà fini dans la poubelle, et le deuxième montrait d’inquiétants signes de fatigue. Cherche, bon sang, cherche !

Son ventre le rappela à la raison : sans carburant, inutile d’essayer de faire fonctionner la machine. Mark était loin d’être corpulent, puisqu’il évitait de pratiquer toute activité physique qui pourrait, suite à une erreur d’inattention, le blesser et entraîner d’abondants saignements. Aussi ses réserves arrivèrent vite à épuisement plus tôt dans la matinée, alors que sa matière grise analysait la chambre d’Agatha Fuentes.

L’un de ses collaborateurs les plus importants se trouvait au même étage. Sans lui, nombre des problèmes auxquels il avait pu faire face au cours de ses études n’auraient peut-être jamais trouvé solution. Cet allié de poids, c’était le distributeur automatique.

Les bras chargés de confiseries, barres vitaminées et autres sodas, Mark reprit son poste. Après avoir fait le plein de sucres rapides, il entreprit de réécrire son enquête depuis le début. Chaque étape qui l’avait conduit jusqu’à son tableau blanc improvisé était notée. Puis, lorsqu’il les eut toutes établies, il raya celles qui ne pouvaient influencer les décisions d’Agatha Fuentes pour se cacher. À la fin, il n’en resta plus que trois : le fort taux de criminalité du système Taranis, les tueurs à gage Xi’An et les origines Kr’Thak des échantillons que la chercheuse étudiait.

“O.K, bon… retour à la case départ”, se lança Mark à lui-même. “Comment t’as fait, Agatha ? Qu’est-ce que t’as fait ? Allez…” Le xénobiologiste parla seul pendant de longues minutes, alors que ses yeux visaient alternativement les trois propositions, en boucle. Mais il y avait un ordre, que Mark finit enfin par respecter. “On t’a demandé de bosser sur les Kr’Thak, c’est là que tout commence. Très bien. Ensuite l’Empire Xi’An l’a appris, je sais pas comment, mais il l’a appris… il a envoyé des tueurs à gage à ta poursuite.” La solution ne pouvait se trouver que dans le système Taranis, Mark le pressentait.

Aussi effaça-t-il une dernière fois son tableau. L’alcool évaporé, il traça de tête le système. Après avoir appris la nouvelle de la disparition d’Agatha Fuentes, il avait, comme d’autres collègues, consulté le Spectrum pour lire tout un tas d’anecdotes sordides et autres articles tape-à-l’oeil sur ce système indisputé, par curiosité morbide.

Au centre, il symbolisa l’étoile blanche de séquence principale qui avait donné son nom au système. Il traça en ligne pleine l’orbite de Taranis I, puis deux chaînes d’astéroïdes en lignes pointillées. Enfin, les trois orbites des planètes Taranis II à IV. L’issue du point de saut en provenance du système Terra se situait, peu ou prou, entre l’orbite de Taranis I et la première chaîne d’astéroïdes.

“Quel con.” La réponse sauta enfin aux yeux de Mark. Il était pour lui inutile de chercher plus loin. Agatha Fuentes était pressée, traquée bien avant sa disparition. Elle se dissimula, à la manière d’une aiguille au sein d’une gigantesque botte de foin. Un caillou au milieu d’astéroïdes. Et le système Taranis en comptait deux ceintures.

Les flics du système Terra n’iraient jamais chercher Agatha dans le système Taranis, même s’ils avaient compris qu’elle s’y terrait. Et des tueurs à gage Xi’An devraient savoir précisément où chercher s’ils voulaient éviter toutes les planques de pirates. Plus une seconde à perdre : il lui fallait un navire digne de ce nom.

Dans l’immense hangar du CEREXX, la quasi-totalité des vaisseaux trônait fièrement sur les surfaces qui leur étaient réservées, devant les imposants murs blanc et turquoise. Le bruit des ventilations faisaient écho et couvraient jusqu’aux bruits de pas de Mark Hoffmann.

Il ferma les portes de la soute, se dirigea vers le poste de pilotage et posa sa sacoche remplie de snacks à ses pieds. Les sièges à sa gauche et à sa droite étaient vides, il lui faudrait constituer un équipage à lui tout seul. Tout était prêt, aussi Mark démarra-t-il les quatre moteurs du navire réaménagé en station scientifique mobile. L’ordinateur de bord annonça son créateur et accueillit le xénobiologiste qui fit ouvrir les lourdes portes du hangar.

Quelques minutes plus tard, le vide intersidéral enveloppa les larges vitres du cockpit. Le Constellation volait droit vers le point de saut pour Taranis.

 

À suivre…

 

Auteur : Hotaru / Relecteurs : DCVolo & Teliopp / D’après une idée de : Duboismarneus & Hotaru

Merci de citer les auteurs et la source en cas de diffusion extérieure.

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