Retrouvez l’ensemble des chapitres d’Un Secret Impérial ici

Résumé du chapitre 6 :

 

Alors qu’il scannait la première chaîne d’astéroïde du système Taranis à la recherche d’indices le menant au XB04, Mark subit un abordage pirate. Paniqué, et armé seulement d’un pistolet soudeur, il parvint à quitter son navire par le cockpit. Mais alors qu’un assaillant faisait son entrée dans la soute du Constellation scientifique, le jeune xénobiologiste, lui, atteignit le Cutlass pirate. Comment faire pour s’en sortir ?

 

  • Bonne lecture !

Un Secret Impérial

Chapitre 7

 

Le temps était compté. La porte droite de la soute du Constellation scientifique dérivait désormais dans l’espace, sur une trajectoire différente du morceau de verrière que Mark avait décroché quelques instants auparavant. Le pirate dessoudeur n’était plus en vue, il déambulait désormais librement à l’intérieur de l’immense vaisseau spatial.

Toujours fermement accroché à l’un des câbles d’abordage, Mark étudia du mieux qu’il put le navire pirate. Les canons servant à tirer les harpons avaient été bricolés sur le toit du véhicule. L’entrée arrière du Cutlass sang et noir se situait à quelques mètres de lui, il le savait, mais impossible depuis sa position de déterminer si la porte était ouverte. Impossible d’ouvrir les portes latérales depuis l’extérieur, et sa combinaison était toujours dépourvue de réacteurs dorsaux. Et marcher directement sur la coque trahirait sa position.

“Bon, se lança-t-il. Pas de snack. Bon, bon, bon…” Sous l’épais tissu synthétique de la tenue spatiale, Mark était dans l’incapacité de contrôler d’éventuelles ecchymoses. Et le système de tracking lui indiquant son état de santé ne serait pas suffisamment alerte pour lui indiquer des blessures d’ordinaires insignifiantes.

Ses prochains mouvements devaient être réfléchis, toucher les parois du vaisseau spatial déclencherait probablement une alerte sur le poste de pilotage. En observant sa ligne de vie de plus près, il constata la vétusté du matériel employé par son ou ses assaillants : une multitude de câbles plus fins parcouraient un cordon central, et certains étaient grandement usés.

Mark arracha quelques câbles à leur point de rupture, et se constitua rapidement une corde longue de plusieurs mètres. Les préparatifs terminés, le détective en herbe s’éloigna de la base de son cordon jusqu’à le tendre. En position accroupie sous l’énorme câble-harpon, il se poussa de nouveau avec les jambes pour décrire un arc de cercle.

Tout son environnement bascula, le dessous du vaisseau se rapprochant puis s’éloignant de lui. Le temps de quelques secondes, tout au plus, Mark l’aperçut : la porte d’entrée du vaisseau, grande ouverte. Ni une, ni deux, Mark  tira sur sa corde pour la raccourcir et se rapprocher du point d’impact le plus favorable.

Dans le vide, le xénobiologiste s’improvisant désormais cascadeur n’entendit pas la corde rompre après quelques raccourcissements. Il réalisa presque trop tard qu’il ne se “déplaçait” plus en tirant sur sa corde. Il était à la mercie de sa propre inertie, sur le point de se jeter de tout son soûl sur la coque du navire. Impossible de se servir de la corde désormais.

La porte d’entrée se rapprocha vite, trop vite. La trappe n’étaient pas du bon côté, loin des jambes et surtout des bottes adhérentes. Mark tendit les bras, il lui fallait attraper n’importe quoi, pourvu que cela l’empêche d’aller fracasser son casque contre l’autre réacteur du vaisseau spatial.

Il parvint, au dernier instant, à attraper l’un des vérins de la porte. Ses doigts tinrent fermement le cylindre d’acier, comme s’ils étaient eux aussi aimantés. Mark se stabilisa, puis aborda le navira pirate par la porte d’entrée. Il se débarrassa de sa ligne de vie rompue et s’arma de son pistolet soudeur.

Mark se découvrit une audace qu’il n’avait jamais soupçonnée. Avec sa condition physique toute relative, il se surprit lui-même à faire de telles cascades. Mais il n’aurait su dire ce qui le transcendait : la satisfaction de ses supérieurs lorsqu’il aura accompli sa mission, ou la grattitude de son amie Jade. À cet instant précis, il aurait donné tout l’oxygène qui lui restait pour recroiser son regard.

Une fois arrivé dans la soute, le navire se ferma automatiquement derrière lui, enclenchant ainsi la pressurisation. Le stress de Mark s’intensifia, il ne savait toujours pas combien de complices accompagnaient le pirate dessoudeur. Faites qu’ils ne soient que deux, faites qu’ils ne soient que deux !

L’environnement était pourvu d’air, et pourtant Mark n’entendait plus aucun son. Pris par l’angoisse, il ne remarqua même pas que son souffle se faisait plus tremblant. La porte du cockpit s’ouvrit. À quelques mètres, une armure spatiale se tenait derrière le vaisseau du pilote, appuyée contre la verrière, le visage caché par son bras. “Et moi je te parie le contraire, lança l’armure d’une voix rocailleuse.

– Laisse-moi faire mon boulot, lança un hologramme sur le poste de pilotage. T’as jamais rien bité à la surveillance.

– Peut-être, mais…

– Peut-être que rien du tout, s’emporta l’homme de l’autre côté de l’écran. Va à ton foutu poste.

– Y’a qu’un gus là-bas, pas besoin de monter la garde dans la tourelle.

– Putain Lenny, fais ce qu’on te dit de faire pour une fois.”

La communication s’interrompit sous les grognements du pirate. Trop tard, il remarqua le reflet de Mark qui se trouvait dans son dos. Le criminel tir-au-flanc n’émit pour seule réaction qu’un juron dénué d’originalité. Au niveau de la ceinture, Mark enfonça la pointe de son pistolet soudeur entre deux plaques de protection.

“Préviens ton pote qu’il faut qu’il revienne”, lança Mark, la voix tremblante. “Dis-lui que votre pote vous a indiqué un autre vaisseau à aborder, ou une connerie du genre.

– Si tu crois qu’on va laisser filer un autre vaisseau scientos, tu…

– Ta gueule !” hurla Mark, qui improvisait totalement.

Il réagit avec quelques secondes de retard : le pirate avait parlé d’un autre vaisseau scientifique. Serait-ce le CB04, le vaisseau d’Agatha, dont il parlait ? Tout se mélangeait dans l’esprit du chercheur. Il pressa son captif de rappeler son acolyte, qui explorait encore le Constellation. Le pirate s’exécuta, en prétextant avoir reçu le signalement d’un gibier bien plus intéressant.

“Maintenant retire ton casque”, le somma Hoffmann. Circonspect, l’artilleur du vaisseau obéit. “Si tu veux pas un cercueil vide, tu devrais…” Mark l’assomma d’un coup de crosse du pistolet soudeur derrière la tête. La victime alla s’effondrer contre la verrière, tête la première. L’adrénaline donnait une fois  de plus des ailes au xénobiologiste.

Il se débarrassa du casque de sa combinaison pour enfiler celui du pirate qu’il venait de neutraliser. Sur l’interface, un petit signal lumineux se déplaça en direction de l’embarcation pirate, alors le xénobiologiste se précipita dans la tourelle manuelle du Cutlass. L’autre n’était pas encore sorti. Mark l’attendait de pied ferme.

Une silhouette finit par apparaître. Mark remarqua qu’il possédait la même combinaison que le pirate assommé. Avec ses propulseurs dorsaux, l’homme avançait doucement, loin des des câbles d’abordage. C’est comme dans une simulation. Avec plus de réalisme. Lorsque la cible n’était plus alignée avec le navire scientifique, Mark la verrouilla.

Le système de guidage automatique suivit le pirate en sortie extra-véhiculaire. Mark baissa la tête. Il compta… un… deux… trois… et tira. De longues minutes s’écoulèrent  pendant que Mark fixait l’absence de signal lumineux sur son radar de tête. Lorsqu’il regarda de nouveau à l’extérieur, le pirate avait disparu.

Le chercheur retourna, le pas chancelant, au poste de pilotage. Mark avait ôté son casque, dans lequel il se sentait étouffer, et s’était saisi de celui que son entreprise lui avait fourni. Les paroles du pirate qu’il avait neutralisé lui revinrent subitement. Il fouilla le registre de navigation, qu’il croisa avec l’historique des alertes. À la date de la disparition d’Agatha Fuentes, un Freelancer a été engagé par le chasseur pirate, avant d’être perdu de vu. Au beau milieu d’un amas d’astéroïdes.

Mark avait enfin la piste qui lui manquait : un secteur restreint où chercher. Sans plus attendre, il débarassa l’armure du pirate de son segment pectorale, et en profita pour récupérer l’arme de poing du hors-la-loi. Avant de quitter le navire, il effaça le registre de navigation, pour être sûr de ne pas être suivi, et désactiva le blocage électronique du D01.

De retour à bord du vaisseau spatial scientifique, le xénobiologiste s’empressa d’entrer les coordonnées de l’amas d’astéroïdes à sonder. Moins d’une demi-heure plus tard, Mark se retrouva propulsé dans le secteur de la dernière chance. Il positionna le Constellation, et s’installa au poste de l’officier radar, quelque peu encombré par ce surplus d’armure qu’il venait d’obtenir.

Quelques instants plus tard, l’anomalie qu’il convoitait fit son apparition : un astéroïdes de quelques dizaines de kilomètres de diamètres, semblable à tous ses voisins, avec un coeur fait de matériaux artificiels. Un seul cratère pourtant sembla être le vestige d’un forage humain. Le Discovery 01 – puisque c’était son nom complet – s’engouffra alors dans la voie, tous feux allumés.

Une immense porte métallique surgit au bout de boyau rocheux. Une sorte de balise s’éclaira soudain d’un vert presque effacé par les puissants projecteurs du Constellation. L’imposante porte s’ouvrit à son approche. De l’autre côté, une petite plateforme d’atterrissage, avec une unique grande piste pouvant accueillir des vaisseaux de tailles diverses.

Au centre trônait un Freelancer à l’allure familière : le CEREXX XB04. Juste à côté d’un étrange chasseur de facture xi’an. Mark fit atterrir le Constellation en bout de piste, et coupa les moteurs.

Mark eut la bonne idée cette-fois d’inspecter le radar du D01. Aucun signe de vie ne fut détecté sur l’aire d’atterrissage. Il se décida donc à sortir, tout en restant sur ses gardes, rassuré par l’arme de poing qu’il avait volé un peu plus tôt. C’est baissé qu’il se dirigea vers le seul bâtiment de la base clandestine, comme pour échapper à d’éventuels guetteurs.

Il se plaça à côté de la porte, contre le mur, avant d’être pris par la peur. Il ouvrit la porte en tapant le panneau du poing, puis se jeta à corps perdu à l’intérieur… du sas. Après une pressurisation des plus bruyantes, les portes s’ouvrirent lentement.

Devant lui s’étendaient diverses installations médicales et une paillasse recouverte de matériels d’analyses génétiques : séquenceurs, thermocycleurs,  et autres joyeusetés électroniques. Mark retira son casque, et le posa sur la première table venue, alors qu’il commençait à inspecter la salle.

Soudain, une silhouette surgit de derrière la porte du fond de la salle. Les épaules larges, trapu, le Xi’An se figea quelques secondes lorsqu’il aperçut le chercheur humain. Ce dernier mit immédiatement l’extra-terrestre en joue, dans le but de l’intimider ou de l’abattre, mais l’ennemi fut plus prompt.

Le tire désarma Hoffmann, qui regarda, pantois, son arme s’effondrer au sol, rougie par l’impact du laser qui venait de la toucher. Quelques instants plus tard, Mark était désarmé, et menotté. Le Xi’An le conduisit dans la pièce du fond, où trônait un ordinateur relié à quelques écrans, dont un troué en plein coeur par un tir d’arme.

Devant le siège se trouvait un corps, un impact brûlé sur l’arrière du crâne d’où s’échappait un mince ruisselet de sang. Les cheveux bruns de la défunte semblait pailleté de rouge écarlate à la lumière.

Mark leva le regard, et vit que sur le dossier du siège reposait un manteau vert.

 

À suivre…

 

Auteur : Hotaru / Relecteur : DCVolo / D’après une idée de : Duboismarneus & Hotaru

Merci de citer les auteurs et la source en cas de diffusion extérieure.

Leave a comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *