Note du rédacteur : Vous aurez sans doute déjà aperçu cet article en exclusivité dans le CitizenTVMag ; ceci est donc une retranscription de l’article mensuel que fourni SCFR en tant que contributeur du magazine.

“Mes ami(e)s, l’heure est grave. Aujourd’hui, je suis obligé d’écrire cet article, et cela me fend le coeur. Nous avons atteint un point critique où il est urgent de rappeler quelque chose de très important : derrière Star Citizen, derrière le projet, 400 développeurs, pour la très certainement majeure partie, tout autant fans inconditionnels du projet que nous, travaillent d’arrache-pied.

L’oubli de l’humain n’est pas un problème nouveau autour du projet ; nous savons tous que la cohorte des détracteurs négligent sciemment de se pencher sur l’ardeur à la tâche et le dévouement de toutes les petites mains qui s’affairent sur Star Citizen et Squadron 42. Mais avec l’impatience qui gagne certains habitués, et cette longueur (la GamesCom 2017 laisse ici son empreinte) qui semble légitimer un regain de grogne, nous faisons de plus en plus l’erreur de réduire le projet à ce qu’il en sort.

Pourtant nous savons tous à quel point la sphère Star Citizen est un projet à la transparence difficilement comparable. Les développeurs sont régulièrement mis en avant dans les Around The Verse, et plusieurs émissions sont devenues iconiques de certains d’entre-eux (BugSmashers avec Mark Abent, pour l’exemple le plus fort).

Alors comment expliquer que ce phénomène s’installe tant dans les moeurs ?

Le gigantisme qui induit une déshumanisation ?

Comme toute chose qui s’accroît exponentiellement, vient un moment où son énormité lui donne un statut abstrait et dépourvu d’humanité ; ce moment où il n’est plus possible d’identifier le projet à quelqu’un, et qu’il devient donc une chose qu’on ne sait plus par quel bout prendre. Exemple plus que probant : nous disons simplement “CIG” pour parler de 400 personnes, en assumant les mettre tous dans le même panier.

Ironique, pourtant, d’en arriver à un tel stade, puisque c’est justement son initiale simplicité prometteuse qui lui aura valu ce succès. Star Citizen, qui à ses débuts, avec sa dizaine de développeurs et ses ambitions restreintes, avait à coeur de rassembler sous une même bannière la communauté réduite des joueurs de simulation spatiale, finit donc à force d’évolution constante par être la victime de son propre succès. La rançon de la gloire ou je ne sais pas ce que c’est.

Un développeur c’est avant tout un joueur. Et entre deux périodes de travail, on se détend !

En effet, après l’établissement d’un studio, et l’ajout de trois autres, on ne compte plus le nombre de développeurs. S’agrandissant chaque année d’une centaine d’âmes (aujourd’hui ils sont plus de 400), l’effectif du studio devient trop important pour que l’on puisse encore avoir un sentiment rassurant en pensant au développement du projet. Tant de personnes s’affairent dessus, pour le meilleur, mais certainement pas pour nous permettre de savoir qui fait précisément quoi, ni qui sont-ils tous ; malgré la grande volonté d’ouverture d’un système qui ne se veut pas en circuit fermé. Ou si peu.

Aujourd’hui, Star Citizen a une envergure internationale. Ce qui était au début l’affaire de quelques milliers de personnes dans quelques foyers naissants, est devenu la passion de plus d’un millions de citoyens des étoiles, si on s’en tient aux statistiques du site, et qu’on oublie la légion d’intéressés qui attends et regarde. Ainsi, beaucoup ressentent à raison l’écrasant poids des chiffres, là où l’on avait auparavant la sensation agréable de participer à quelque chose de restreint, aux lisières palpables. On se demande dorénavant où peuvent bien se trouver les frontières de la popularité de Star Citizen -popularité qui n’est pas uniquement pour lui servir, d’ailleurs-. Jusqu’où ira-t-elle ? Comment ne pas avoir la sensation d’être perdu dans la masse des joueurs, de tous ces gens qui n’ont en commun que la seule passion du projet ?

Comment, dès lors, se rappeler de ses qualités humaines, quand sa communauté, tout soudée qu’elle est, a des difficultés à donner à ses individus l’identité qui les fait se sentir uniques ? Nous ressentons moins ces effets-là en France, la francophonie étant plus limitée en taille que nos cousins outre-atlantique (Big up aux Canadiens, je ne vous oublie pas), mais il ne serait pas étonnant d’en constater les prémices. Prémices, sans doute, plus rapidement induits par les retards à répétition, qui instillent la fatigue des années de loyauté mal récompensées.

Une affaire de passionnés.

Pourtant, tout comme pour sa communauté, il n’est pas démérité d’affirmer que le studio n’est constitué que de grands passionnés. Au sein de cette multitude se cachent peut-être quelques personnes ayant flairé le bon plan d’un projet à l’avenir assuré, qui leur donnera les moyens de perdurer dans le milieu vidéoludique (nul doute qu’un CV affichant “Star Citizen” deviendra, après sa sortie, le gage d’une recommandation de qualité auprès des employeurs futurs ; c’est éventuellement ce que les grands noms de l’industrie qui ont rejoint le projet se sont dit) ; mais nul doute que ceux qui en sont au coeur travaillent pour le seul plaisir d’être le moteur d’un phénomène qu’ils savent animer la passion de centaine de milliers de personnes, dont la leur.

Une grande partie de l’équipe s’était déplacée pour la GamesCom, ici à la BeerGarden le lendemain.

La GamesCom 2017, à laquelle nous attribuons tant de torts, en est pourtant un des exemples les plus représentatifs. A cet événement international se sont pressés un grand nombre de développeurs de Star Citizen, qui n’y ont participé que pour le seul plaisir de rencontrer cette communauté leur attribuant tant de confiance et de soutien. Et comme je n’y ai pas participé personnellement, je vais donner à mes mots le poids du témoignage d’un membre connu de la communauté, Silkinael. Ce dernier eu la chance d’être à la GamesCom, et même, si vous avez été attentif, d’avoir été au premier rang.

“Ce qui revient, que je retiens le plus, de cette GamesCom, en discutant avec les volontaires, les personnes du staff, les développeurs, c’est leur gentillesse, leur disponibilité. Ils prennent le temps de discuter avec toi et autant de gens qu’ils peuvent, de manière spontanée ! On a été abordés par Brian Chambers, le bras droit du studio de Francfort, qui nous a immédiatement dit que ça lui faisait plaisir de nous voir, qu’il espérait que nous passions un bon moment à l’événement et sur la 3.0. A l’extérieur, peu de temps après, il est même venu de lui-même nous aborder, alors qu’on voulait pas le déranger, en fumant sa clope et tenant sa bière pour nous faire un coucou [Vidéo disponible ici] ! Ce fut la même chose pour Tyler, Disco Lando, et tous ceux que nous avons pu rencontrer à l’événement.

Ce qui nous vient le plus en tête, c’est la générosité des gens qui étaient là. Et outre les visages publics et les aides logistiques, il y a des gens qui font le voyage exprès, qui prennent des jours de congés exprès, qui se payent les billets d’avion, l’hôtel, juste pour le plaisir de faire partie de la communauté, d’être là pour la communauté, en représentant le staff, mais le staff ne les paye pas pour le faire ! Ils le font par passion.

S’il y a un message que je veux faire passer aux gens qui sont déçus par le contenu de la GamesCom, […] c’est que je peux comprendre que l’attente soit longue, que l’on soit déçu et qu’on aurait espéré mieux, […] mais par respect pour des gens de CIG qui payent pour venir, uniquement pour pouvoir discuter avec la communauté, nous n’avons pas le droit d’exprimer une déception abrupte et violente, sans arrière-pensée pour tous ceux qui se démènent pour nous.”

Participer à un événement, à la finalité d’une entreprise communautaire, serait-ce ce qui nous manque pour pleinement comprendre l’implication humaine d’un tel projet ? Il semblerait que tous les participants soient unanimes sur le sentiment que donne la présence de CIG, de ses membres, son implication envers les gens et une accessibilité qui nous rappelle qu’ils sont, tout bonnement, comme nous. Leur dévouement pour le projet et la communauté devient alors indéniable, et à défaut de leur pardonner leurs écarts, on observe un profond respect pour leur travail.

Alors, embrigadement, ou réalisation de choses simples que des années de patience et de croissance folle avaient occultées ? A vous de juger.

L’effet négatif de la critique subjective.

Ainsi, et une chose que Silkinael nous as rappelé avec stupeur : les développeurs nous regardent. J’ai effrayé les plus complotistes de la salle ? Mes plus plates excuses, vraiment. C’est cependant une vérité parfois difficile à admettre quand on déifie CIG, ou que l’on considère le projet comme une masse inidentifiable et lointaine. Malgré tout, force est de constater -parce que c’est une observation issue du témoignage de notre bon cobaye Silkinael- qu’il est fréquent que les développeurs passent sur les forums, et, usant de Google Traduction s’il le faut, les lisent.

Car on ne dit jamais assez à quel point le simple encouragement possède une vertue de motivation essentielle au développement de tout projet. Au niveau plus modeste de StarCitizen.fr, c’est déjà quelque chose dont je peux témoigner, et côtoyer comme porter des petites initiatives l’apprends avec le plus grand plaisir. Mais cependant, car il y a un côté noir à cet avantage, ce que peut créer mille encouragements, une seule remarque particulièrement méchante peut le détruire. Il y a évidemment un fossé entre la critique négative sincère permettant de progresser, et l’invective basique destinée à simplement manifester son hostilité pour des raisons bonnes ou mauvaises (j’aurais tendance à dire qu’il n’y a que peu de bonnes raisons à ce genre de commentaires), mais dans le cas de l’utilisation de la première, l’ajout simple et peu coûteux d’encouragements provoque non seulement un accueil plus réceptif, mais apporte également à son receveur une pointe supplémentaire et non négligeable de ce moteur communautaire essentiel qu’est la motivation.

On ne vous conseillera donc jamais assez, entre deux longues critiques constructives, d’en user et d’en abuser. Pondérez les réactions à chaud, gardez à l’esprit les hommes derrière la machine, et il est plus que probable que vous apportiez au projet plus de bienfaits que vous ne l’imaginez. Les développeurs, en tout cas, vous en remercieront.

La personnification du projet au travers de Chris Roberts.

Dernier point, mais non le moindre, pour vous permettre de prendre conscience du rôle primordial de Chris Roberts, non pas pour l’encenser, mais pour caractériser plus précisément un phénomène que j’ai déjà évoqué plus haut (par la nomination de “CIG” pour représenter le travail autour du projet) : la personnification abusive.

Phénomène de protection, il est une réponse directe au gigantisme. Lorsque nous perdons les repères humains autour du développement d’un projet, nous nous rattachons à ce qui est le plus visible, et à ce qui représente et englobe le plus possible ce que nous cherchons à caractériser. Pour beaucoup, celui qui représente ainsi le plus le sujet qui nous concerne, c’est Chris Roberts. A raison puisqu’il est le grand instigateur de Star Citizen ; sans lui et l’engagement qu’il a pris en décidant de coordonner cet immense idée, rien de tout ceci n’aurait été possible. Il arrive également que nous évoquions, et je suis le premier à le faire, “CIG”, pour parler du travail accompli sur tel ou telle chose.

Verser dans ce phénomène n’est pas mauvais en soi, et est loin d’être une erreur. Mais il reste important d’y voir les méfaits que cela amène, et d’être conscient des limites à s’imposer. Nous ne pouvons pas accabler tout CIG pour l’apparition d’un bug ou le manque de complétion d’une fonctionnalité, comme nous ne pouvons pas accabler Chris Roberts pour les moindres problèmes d’organisation ou de développement. Derrière chaque chose se cache une ou plusieurs personnes, mais rarement que les plus publiques, ou plus globalement toute l’entité concernée [CIG, sic].

Cette déshumanisation (ou sur-humanisation, devrais-je dire, pour Chris Roberts ?) possède la faculté “positive” de canaliser la haine (j’ai mal à mon Chris en disant cela), comme la faculté négative de canaliser les félicitations. Nous ne pouvons pas acclamer uniquement Chris Roberts pour le moindre accomplissement, nous devons penser à tous ceux qui, dans l’ombre, ont oeuvré à la réussite.

Evidemment, il ne vous est pas demandé de connaître chaque nom de chacun des développeurs de CIG. Mais, avoir en tête, lorsqu’on prononce le nom du studio pour caractériser un développement, qu’il y a derrière celui-ci une personne en particulier, anonyme, dont nous ne connaîtrons sans doute jamais le nom (encore que les ATV aident tout particulièrement à savoir qui travaille sur quoi pour beaucoup de choses), est déjà une forme de respect silencieux qui ne gratifie que vous, mais signifie beaucoup. Et pour cela, encore une fois, les développeurs vous en remercieront.

Restons humains !

Rappelons-nous toujours que derrière chaque création, chaque projet, se cache une ou plusieurs sensibilités qui accordent beaucoup d’importance à ce que l’on dit d’eux et de leur bébé. Il est évident que CIG cherche à progresser (et oui je caractérise tout le studio, bande de facétieux), et prends avec le recul et la sagesse chacun des conseils que la communauté lui donne, sur la base des nombreux retours que nous lui faisons.

Pour donner un élan positif à ces critiques, gardons à l’esprit tout ce qui fait de Star Citizen un projet à l’envergure humaine. Pensons par exemple à ce qu’est la communauté francophone, qui en découle directement, à tout ce qu’elle a apporté aux plus impliqués d’entre-nous, à tout ce qu’elle continue de créer par passion et par plaisir de voir des milliers de gens s’assembler sous la bannière du projet et des initiatives à foison qui en naissent.

Pour tout cela, longue vie à Star Citizen, longue vie à la communauté Francophone.

NB : N’hésitez pas à commenter votre avis du format, voire du contenu. Nous avons à cœur de nous améliorer pour proposer un contenu aussi qualitatif que possible.

Leave a comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *