Retrouvez l’ensemble des chapitres d’Un Secret Impérial ici

Avant-propos :

 

Afin de diversifier le contenu disponible sur notre site, nous avons décidé d’écrire et publier une fiction originale se déroulant dans l’univers de Star Citizen. En cette période, le contenu fictionnel se raréfiait sur RSI, et nous avions terminé de traduire et poster “Une Perspective Humaine”, dernière fiction manquant à notre palmarès.

Manque de pot : juste après l’annonce de l’écriture de cette fiction, RSI a publié un article expliquant que les séries épisodiques, jusque là réservées au magazine Jump Point, paraîtraient sur leur site. Sans nous dégonfler, nous avons poursuivi notre projet.

Ainsi, pendant plusieurs mois, nous avons réfléchi une histoire et des personnages qui auraient tout à fait leur place dans l’Univers Persistant, et dont le récit aurait pu être diffusé dans la section Spectrum Dispatch de RSI par les développeurs eux-mêmes.

La fiction que vous vous apprêtez à découvrir ci-après a nécessité le travail de plusieurs membres de la communauté francophone de Star Citizen. Duboismarneus et moi-même avons réfléchi ensemble aux grandes lignes de l’intrigue, et je me suis ensuite chargé de créer les personnages, développer les différentes trames narratives et écrire tous les chapitres. Et pour ne pas souffrir du syndrôme de la “tête dans le guidon”, j’ai reçu l’appui de quelques copains pour relire mon travail : Teliopp, DCVolo et Ireth (que je remercie, encore et toujours).

Nous ne sommes pas des auteurs professionnels, et encore moins des auteurs renommés. Mais nous faisons preuve de passion et d’application, qualités que nous estimons plus qu’essentielles pour proposer à notre communauté un contenu de qualité. Alors, au nom de l’équipe de StarCitizen.fr, nous vous souhaitons une agréable lecture !

 

  • Hotaru

 

Un Secret Impérial

Chapitre 1

 

L’alarme résonna dans la chambre, coupée de la lumière du jour par d’épais volets métalliques. La lumière du plafond s’alluma progressivement, et la ventilation se lança dans la foulée. En temps terrien standard, il était 6h30 dans la ville Terrane de New Austin. Mais comme bien souvent pour Mark, il était trop tôt.

Un pied après l’autre, le trentenaire se leva avec lourdeur de son lit, que le lustre irradiait désormais avec ardeur. Il se saisit de son bracelet intelligent, un mobiGlas rouge sang, puis se dirigea hors de son antre pour aller déjeuner. Les systèmes automatiques de son appartement laissèrent apercevoir le quartier alentour entre les lames des volets qui s’étaient entrouverts et guidèrent ses pas en lumière vers son petit-déjeuner.

Enfin, ils lancèrent l’une des rares émissions Spectrum que suivait Mark : Kaizen, un divertissement sur fond d’économie et de société. Le débat du jour portait sur les accords passés entre l’UEE et l’Empire Xi’An, une civilisation alien que Mark s’était juré de découvrir un jour, par delà les étoiles colonisées par les humains.

Encore aujourd’hui, Mark passa plus de temps à regarder son propre reflet dans sa tasse de café qu’à boire son breuvage. Cela faisait longtemps que l’envie de travailler l’avait abandonné. Il y avait même des jours où il se demandait si celle-ci l’avait jamais habité. En fait, depuis qu’il fut en âge de se voir refuser le service militaire à cause de son hémophilie, Mark avait laissé de côté de nombreux rêves, pour se consacrer à une vie paisible de chercheur en xénobiologie peu réputé.

La médecine moderne avait fait de véritables prouesses pour guérir de nombreuses maladies, longtemps fatales, mais il en restait certaines que même le savoir faire du 30è siècle ne pouvait traiter, passé un certain stade.

Mark Hoffmann en était persuadé : s’il avait pu, d’une manière ou d’une autre, acquérir la Citoyenneté que tant de civils miroitent, il aurait trouvé les crédits nécessaires pour mener des études scientifiques dignes de ce nom. Des études novatrices, conduisant à des avancées spectaculaires, lui octroyant réputation et célébrité dans le microcosme des xénobiologistes.

Faute de privilèges, Mark avait brillé au cours de ses études pour se voir offrir un poste alors présenté comme prestigieux : chercheur dans un laboratoire privé de Terra, le Centre de Recherche en Xénobiologie et Xénoécologie. Essentiellement financé par des investisseurs privés qui ne sont connus que de sa Direction, le CEREXX avait fait ses armes sur la convergence génétique d’espèces séparées par plusieurs années lumières de vide galactique, la recherche de protéines et d’antibiotiques extra-terrestres mais aussi sur des modèles statistiques, chose courante dans le domaine.

Une fois son petit déjeuner englouti froid, Mark se rendit au CEREXX en empruntant un taxi volant. Il aimait emprunter ces véhicules automatisés pour pouvoir se reposer encore quelques instants, avant sa journée de travail. Depuis quelques années, Mark occupait un poste de chercheur au côté d’une dizaine de collègues, sous la direction du chef du département Xénobiologie. D’après les échos que Mark avait eus, il se préparait un papier qui devrait permettre à son labo de débloquer des fonds pour les prochaines années. Mais aucun de ses collègues, pas même ceux du département Xénoécologie, n’avait pu lui dire de quoi il en retournait.

“Bonjour, Hoffmann” lui lança une voix féminine éraillée dans son dos. La Directrice et fondatrice du CEREXX, Gudrun Kern, arriva en même temps que lui devant les impressionnantes portes vitrées du hall, au-dessus desquelles trônait fièrement le logo du CEREXX : une galaxie dont les extrémités se changeaient progressivement en brin d’ADN.

“Oh, bonjour Madame Kern. Comment allez-vous ?

– Bien, bien”, répondit avec empressement la Directrice, avant de franchir le seuil du centre de recherche.

Il était toujours difficile de lui décrocher plus de deux mots à la fois, à tel point que c’en était devenu une blague récurrente au sein de l’équipe de Mark. Quiconque arrivant à faire parler plus abondamment Gudrun Kern, en dehors d’un discours, se voyait offrir un verre dans un bar local. Bien évidemment, il fallait un ou plusieurs témoins, et l’on demandait souvent à Mark de jouer ce rôle.

Le chercheur n’était pas encore parvenu à l’escalier qui lui permettrait d’accéder à son laboratoire personnel qu’il vit son chef de département, Hiroshi Iwata, et sa Directrice terminer – déjà – leur conversation. Une fois devant la porte de son bureau, il remarqua que la porte du bureau d’à côté était encore fermée. D’ordinaire en avance, la chercheuse spécialisée dans l’analyse génétique Agatha Fuentes n’était pas encore arrivée.

Comme à son habitude, Mark consulta ses messages sur son terminal privé, relu le papier d’un collègue pendant la première moitié de la matinée, avant de s’attaquer à ses propres recherches. Lorsque l’heure du repas sonna, le xénobiologiste partit rejoindre trois de ses collègues à la cafétéria. Mark attendit un moment de flottement dans le débat du jour, consacré aux accords HuXa, pour changer de sujet.

“Il me semblait qu’Agatha finissait le terrain hier, aborda-t-il. Mais je ne l’ai pas croisée de la matinée.

– Ça doit être sa crève annuelle, répondit Phil, le doyen de l’équipe. La connaissant, elle va débarquer avant l’ouverture du labo demain matin, et mettre les bouchées doubles pour rattraper son retard.

– Possible, s’interrogea Mark. Ça ou un truc qu’elle aurait chopé à son retour d’expédition. On sera vite fixés.

– T’en fais pas, lui lança un autre collègue, elle aura pas le luxe d’être malade longtemps… Kern rôde.

– Comment ça ? demanda Mark.

– C’est Agatha qui est responsable de la “publi salutaire”, l’informa Phil en créant maladroitement des guillemets, couverts en main. Vivement sa diffusion, d’ailleurs, que toute la tension retombe.”

Mark ne fut pas tellement surpris par la nouvelle, il avait lui aussi remarqué l’étrange climat qui régnait depuis plusieurs semaines au CEREXX. À croire que les investisseurs privés mettaient la pression à la Direction, qui aussitôt la reportaient sur les chefs de département.

La conversation fut rapidement écourtée lorsque Gudrun Kern s’assit non loin des biologistes. Elle semblait avoir repris le cours de la conversation entamée plus tôt avec Iwata, le chef du département de Xénobiologie, attablé avec elle. Nul besoin de savoir lire sur les lèvres, le mot “financement” fut si souvent employé qu’il parut presque écrit sur le front des deux interlocuteurs.

Au cours de l’après-midi, la porte du bureau voisin à celui de Mark demeura fermée. Le chercheur hésita un moment, mais ne jugea finalement pas utile d’envoyer un message à Jade, la soeur et colocataire d’Agatha que Mark avait fréquentée sur les bancs de l’Université, pour savoir si tout allait bien. Phil l’a dit, ce n’est probablement rien.

Mark tenta de se rassurer, mais une petite voix au fond de lui lui rappelait qu’Agatha n’était malade qu’en milieu d’année, toujours à la même période. Elle lui avait même expliqué une fois avec ironie qu’il s’agissait “d’un micro-break pour tenir les cinq mois qui restent avant les congés”.

Le lendemain matin, Mark suivit comme à son habitude les lumières de son appartement, scruta son reflet au fond de sa tasse de café en écoutant à moitié son émission Spectrum, et s’octroya quelques minutes de sommeil dans le taxi volant avant de faire face à l’imposant bâtiment du CEREXX. Un détail différa cependant : à l’heure où une partie de ses collègues avait déjà pris des vaisseaux de fonction pour partir sur le terrain, où les appareils de laboratoire étaient calibrés et lancés et où seule une poignée de salariés n’était pas encore arrivée, une importante troupe stationnait devant le Centre de Recherche.

À l’approche de la foule, Mark se positionna à proximité de Phil, qui discutait avec d’autres chercheurs. Et alors qu’il s’apprêtait à le saluer, les chercheurs et laborantins du CEREXX se tournèrent vers les portes du bâtiment. De là surgit Gudrun Kern, la Directrice Générale, un marche-pied blanc à la main. Le brouhaha qui faisait ordre disparut presque instantanément. Derrière elle se tinrent deux policiers en uniforme, dont un occupé à passer un appel sur son mobiGlas.

“Bonjour à toutes et à tous, s’adressa Kern à ses employés. Tout d’abord, merci à vous d’avoir patienté. Certains l’ont peut-être remarqué, mais l’une de nos collaboratrices a disparu avant-hier.” À ces mots, Mark se sentit presque trembler. Il sut ce que sa Directrice s’apprêtait à prononcer.

“Il s’agît d’Agatha Fuentes, du département Xénobiologie, asséna Kern. Mademoiselle Fuentes n’est pas rentrée de son expédition, et sa soeur a alerté les autorités hier. Deux agents de police ici présents mènent l’enquête, ils vous poseront très certainement des questions. Sachez que le vaisseau de Mademoiselle Fuentes manque également à l’appel, le…” Gudrun Kern se pencha vers Hiroshi Iwata, qui lui souffla le matricule du navire de recherche. “Le XB04, donc, n’est pas disponible. Tout ce que nous savons, c’est qu’il aurait été aperçu pour la dernière fois à proximité du point de saut pour le système Taranis.”

Un murmure d’effroi parcourut l’audience. Agatha Fuentes aurait osé emprunter un trou de vers pour se rendre dans l’un des systèmes interdits par le CEREXX. Le système Taranis était disputé par des groupes pirates depuis que l’Empire Uni de la Terre, l’UEE, l’avait jugé inapte à la terraformation. Mark avait imaginé bien des choses, mais il était loin de s’imaginer une telle nouvelle. C’est à peine s’il prêta attention au mot de conclusion de sa supérieure, qui demanda la plus grande coopération avec les autorités Terranes.

Une fois la foule éparpillée, il ne resta plus devant les portes coulissantes en verre que Gudrun Kern et les chefs des départements Xénobiologie et Xénoécologie. Mark avança d’un pas lourd vers eux, et les interpella.

“Comment va Jade ? interrogea Hoffmann.

– Pardon ? s’enquérit la Directrice.

– Hum, la soeur d’Agatha, bafouilla Mark. Comment va-t-elle ?

– Je l’ignore, déplora Gudrun Kern.

– Vous croyez qui lui est arrivé quelque chose à cause de l’étude qu’elle menait ?”

Kern se retourna pour vérifier si les policiers étaient dans les environs, puis elle pris Mark par le bras pour lui parler en privé.

“Que savez-vous ? lui demanda Kern avec agacement, ses yeux bleus perçants le regard de son employé.

– Uniquement les bruits de couloir, tenta Mark. Qu’elle travaillerait sur quelque chose qui pourrait débloquer pas mal de crédits pour le labo et…

– Mademoiselle Fuentes mène une étude strictement confidentielle”, le coupa sèchement Kern.

Mark ne comprit pas. Le mot d’ordre au sein des équipes était la transparence : afin d’avoir un avis extérieur, il était souvent recommandé par les chefs des département de discuter de ses travaux en cours avec d’autres chercheurs. La confidentialité ne faisait pas partie du langage courant au CEREXX. La question brûla les lèvres du xénobiologiste.

“Sur quoi travaillait-elle…?” demanda-t-il, incrédule. La Directrice soupira, recoiffa sa mèche argentée, et serra la mâchoire. Elle refusa de répondre, et se tourna vers les chefs de département pour reprendre sa conversation. Mark entra dans le bâtiment et dépassa les enquêteurs. Il ne les calcula même pas, son regard était tourné vers le sol, comme à chaque fois qu’il réfléchissait en marchant.

Arrivé devant l’escalier qui l’aurait conduit à son bureau, il s’arrêta net. Il comprit. D’ordinaire, les études menées au sein du Centre de Recherche de Xénobiologie et de Xénoécologie n’étaient pas confidentielles entre chercheurs. Ce sur quoi travaillait Agatha Fuentes n’avait rien d’ordinaire.

Puisque c’était illégal.

 

À suivre…

 

Auteur : Hotaru / Relecteurs : DCVolo & Teliopp / D’après une idée de : Duboismarneus & Hotaru

Merci de citer les auteurs et la source en cas de diffusion extérieure.

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