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Le capitaine Mac Mahan, après un atterrissage (très) mouvementé sur la station Perséides II, essaie par tous les moyens de connaître le sort de son équipage malgré son état de santé.
Bonne lecture !
Chapitre 10 : Solitude
Journal de bord de l’Albatros
1er Frimaire 2945, 03:00 PM
Système FORA
Station Orbitale Perséides II
Baie médicale n°13
Tout était flou : sa vie, ses projets, son identité, même son avenir.
⠀⠀— Qui suis-je ?… Bon dieu que j’ai mal, j’en ai assez d’avoir si mal… je suis las… Faites que tout s’arrête.
[Obscurité]
Une lumière apparut loin devant lui, d’abord diffuse puis occupa, sans qu’il ne s’en aperçoive, tout son champ de vision. Il dut mettre sa main devant ses yeux car la lumière l’éblouissait.
⠀⠀— Mais qu’est-ce que c’est que ça ? Où suis-je ?
La lumière se fit moins éblouissante et il vit de l’herbe sous ses pieds. Il enleva sa main de ses yeux… Quelque chose lui tapa à la jambe… Un ballon ?…
⠀⠀— Hey Mathew, tu comptes jouer ou quoi ? Qu’est-ce que tu fabriques, passe-moi la balle idiot ou ils vont te la prendre.
⠀⠀— Mathew ?… Il regarda ses pieds et vit un ballon de foot. Puis leva la tête et vit un rouquin le toiser avec un sourire narquois.
⠀⠀— Mathew, bon dieu magne-toi, ils arrivent. Le garçon grimaça et pointa du doigt derrière Mac.
Il se retourna pour faire face à son adversaire et vis… un vaisseau spatial foncer droit vers lui . C’était un vaisseau… Vanduul !!
⠀⠀— Hein mais c’est pas possible, je ne peux pas être dans l’espace ?!
Le vaisseau tira un missile droit sur lui. Il se mit à paniquer, il ne pouvait plus bouger. Le missile le percuta en pleine poitrine. Le choc fut terrible, une lumière aveuglante emplit son champs de vision, engloutissant tout. Il voulut crier mais aucun son ne sortit de sa bouche. Il vit ensuite deux ombres se pencher sur lui. Il les entendit parler :
⠀⠀— Cardio en route, remettez 2 doses d’héparine, dit la première voix.
⠀⠀— Rythme cardiaque régulier, CEC court-circuité, dit la seconde ombre.
Puis tous ces bruits et ces voix se fondirent très vite en un bourdonnement et ce fut le noir total.
⠀⠀— Mathew… Mathew tu m’entends ?
Mac Mahan se disant intérieurement : “Je reconnais cette voix… j’ai mal et je suis fatigué.” Il referma ses yeux.
Il entendit encore cette voix familière et rassurante.
⠀⠀— Bats-toi Mathew ! Tu as toujours poussé les autres à donner le meilleur d’eux-même alors fais-le pour toi maintenant, bats-toi !
Il vit encore de la lumière diffuse filtrer au travers de ses paupières. Des sons lointains de conversations se faisaient entendre, comme un petit bourdonnement discontinu. Puis il entendit une voix et il la reconnut, c’était celle qu’il avait entendue auparavant.
⠀⠀— Il ouvre les yeux… Mathew, tu m’entends, doucement, tout va bien tu es en sécurité, nous sommes le 3 Frimaire 2949 et tu es à bord de la base avancée Perséides II. Comment te sens-tu ?
Matthew avait la langue pâteuse et un goût de cuivre dans la bouche, il se sentait nauséeux et surtout très fatigué. Il tenta d’articuler quelque chose.
⠀⠀— Hmmmm… com… comment…
⠀⠀— Du calme Sledge, prends ton temps. Ne t’inquiète pas tu es entier. Tu as été blessé légèrement au visage et plus durement au niveau du thorax mais tout danger est écarté. Nos chirurgiens ont fait des prouesses.
Mac Mahan entendit l’homme l’appeler par son surnom militaire, il distinguait à peine ses traits. Sa vision revenait mais il avait du mal à rester éveillé. Il savait où il était et se rappelait de son approche de la base Perséides II. Très vite tout se remit en place en un éclair. Le choc… Il parvint tout de même à articuler…
⠀⠀— Mes hommes… ?
Le Général Tam Thackston regarda brièvement le médecin qui se trouvait de l’autre côté du lit. Ce dernier lui répondit lentement et gravement d’un hochement de tête négatif. Thackston, le cœur gros, reporta son attention sur son ancien frère d’arme Mathew Mac Mahan alias “Sledgehammer” et lui sourit. Il se pencha sur le lit de son ami pour lui remettre correctement son oreiller et lui dit :
⠀⠀— Ne t’en fais pas Sledge, tu es entier et tu vas t’en sortir. Tout va bien, tu es en sécurité ici. Thackston marqua un temps puis reprit avec un petit sourire. Personne n’aurait réussi à poser ce vaisseau comme comme tu l’as fait. Tu sais que toute la station parle de toi maintenant ? Ah, partout où tu vas tu ne laisses personne indifférent et ça se termine soit en bagarre soit en éclats de rire.
Tam fixa Sledge dans les yeux et sut que son sourire de façade n’avait pas dupé son vieux compagnon d’arme. Il vit Sledge tourner sa tête sur le côté en fermant les yeux. Il se leva et alla dans le coin de la pièce et se saisit d’une revue ou deux posées sur une commode et revint vers le lit de son ami.
⠀⠀— Tiens, je t’ai amené quelques revues au cas où tu te sentes mieux. Ah oui, j’ai reçu le rapport d’avaries de nos techniciens et… ton vaisseau est irrécupérable, je suis navré. Nos gars ont analysé sa structure et y ont décelé des traces résultants de combats et d’autres choses… Hum, mais le plus important c’est toi ok ? Alors tu te reposes, tu reprends des forces et après on reparlera de tout ça vieux frère.
Sledgehammer ne se tourna pas et ne prononça aucun mot. Tam quitta la pièce et jeta un dernier regard vers son ami sur le pas de la porte puis tourna les talons.
Deux semaines passèrent pendant lesquelles Mac Mahan alterna entre périodes de sommeil imposées et périodes de re-tonicité musculaire. Il devait être gravement blessé, il en était sûr à présent. Son abdomen le lançait atrocement et la cuve régénératrice ne pouvait que le soulager un peu. On avait dû la régler de telle sorte qu’il puisse avoir des périodes conscientes afin qu’il puisse répondre aux quelques questions journalière que venaient lui poser ce satané scientifique et son vieil ami le Général Tam Thackston. Il était toujours cloîtré dans cette chambre de 25 mètres carré, blanche avec une fenêtre holographique reconstituant la vue que l’on devait avoir depuis un balcon de la station sur le ciel de Fora IV. Le ciel était en grande majorité d’un jaune pâle avec de gigantesques nuages brun qui étaient parfois zébrés d’éclairs. Sur sa gauche était disposée une table sur laquelle étaient placés une holo-tablette, un verre d’eau, un livre sur la rééducation et une revue technologique traitant des nouveaux EM-Drive de chez AEGIS Dynamics. Quand à la plante verte située dans l’angle à gauche de l’entrée, celle-ci faisait vraiment penser à une algue, plante que l’on trouve sur Tohil III[1].
Mais le plus dur pour lui était d’être sans nouvelle de son équipage. Son second Jack Flinchey et ses hommes d’équipage : Conrad Bishop le responsable de chargement, les jumeaux Rick et Vlad, hommes à tout faire et opérateurs tourelles, ainsi que Jean-Bat l’informaticien. À chaque fois qu’il voulait demander de leurs nouvelles on lui répétait qu’il fallait qu’il pense à lui avant tout, que tout allait bien pour eux… Foutaises !!!
Pour la première fois depuis qu’il s’était réveillé il sentait la colère monter en lui. Quelque chose avait mal tourné, il le savait !
Un Bip retentit et une voix métallique crachée par un haut parleur de la chambre médicale et répondant au nom d’Artémis lança. “C’est l’heure de votre séance de rééducation des abdominaux profonds mon Capitaine. Êtes-vous disposé à travailler vos muscles ?”
⠀⠀— Oui ! répondit-il d’un ton sec et énervé.
⠀⠀— Inclinaison du lit à 90 degré, commencez votre respiration contrôlée.
Le lit se mit à la verticale face à un miroir. Mac Mahan vit son torse à nu. Au niveau de son abdomen, une nouvelle peau toute rose recouvrait des muscles abdominaux flambants neufs. La marque dessinait une virgule de dix centimètres de large qui partait de dessous ses côtes flottantes gauches et qui se terminait en pointe vers la hanche droite.
⠀⠀— Envoi de la première décharge dans dix secondes, tenez-vous prêt à expirez une fois que vos muscles se contracteront.
Il avait toujours été trop faible pour se tenir debout sans aide de la machine. Mais depuis quelques jours il se sentait mieux et arrivait à soulever ses jambes à 25 degrés environs au dessus du lit. Quinze minutes passèrent et l’exercice prit fin. L’exercice suivant consistait à soulever ses genoux au maximum de ses possibilités.
Durant tout ce temps, il repensait à l’accident, il revoyait constamment les visages de ses hommes. Il lança soudain à vive voix.
⠀⠀— Artemis, enlève mes entraves.
⠀⠀— Vous n’êtes pas en mesure de vous tenir seul debout mon capitaine, veuillez vous préparer pour la phase de sommeil trois.
⠀⠀— J’ai dis, enlève mes entraves, obéis !
Un “‘clac“ retentit et ses entraves s’ouvrirent. La voix métallique d’Artémis cracha.
⠀⠀— Nous ne sommes pas responsable de vos prochaines complications capitaine. Article C321 du code médical intérieur. Tout personnel se soustrayant à une décision médic…
⠀⠀— Artemis la ferme !
Il contracta à nouveau ses abdominaux et leva sa jambe gauche. Il l’avança tout en se tenant au support du lit. Il plia la jambe droite et posa la gauche au sol. Il se tint debout sur le sol, la main gauche agrippant fermement le support escamotable du lit.
⠀⠀— Ça, c’est fait, maintenant je dois sortir de cette satanée chambre.
Il fit un pas de plus, lâcha le lit et en fit un autre en direction de la porte. Il était lent et avait mal. Il serra les dents et continua à avancer maladroitement. Il était à 2 mètres de la porte quand celle-ci s’effaça dans un chuintement dans le mur. Un infirmier fit irruption dans la pièce et le prit sous les épaules.
Mac Mahan lui cria dessus :
⠀⠀— Lâchez-moi idiot, lâche-moi ! Il rassembla ses forces et poussa l’infirmier qui recula et se prit les pieds dans un meuble qui le fit partir à la renverse.
Mac Mahan sortit de sa chambre pour déboucher dans un long couloir aux murs blancs et gris. Il pris deux secondes pour lire les panneaux puis se dirigea sur la droite en direction de la salle de “Gestion et analyse.”
L’adrénaline le faisait aller plus vite mais la douleur était à chaque pas plus vive. La sueur dégoulinait de son front et il commençait à avoir froid. Il s’aperçut qu’il tremblait alors qu’il tentait d’ouvrir la porte. Il entendit derrière l’infirmier courir vers lui.
Il entra dans la salle et dut mettre un genou à terre tellement il était fatigué. Ses jambes tremblaient maintenant.
⠀⠀— Putain mais qu’est-ce qui m’arrive ? pensa-t-il.
Il sortit de ses pensées par une voix familière.
⠀⠀— Ça y est ? Tu as fini de jouer les imbéciles Sledge ?
Mac Mahan tourna la tête à droite et vit Tam Thackston.
⠀⠀— Je veux savoir ce qui est arrivé à mes hommes Tam et tu vas me le dire de suite ou sinon je te promets, je te fous une branlée !
⠀⠀— Très bien Sledge, tu veux avoir la vérité ?
À ce moment, un deuxième infirmier déboucha en trombe dans la pièce en s’écriant :
⠀⠀— Mon général, attention, il est sur le point de s’évanouir, ses constantes dégringolent !
Tam Thackston, après avoir écouté l’infirmier, se retourna vers Sledge.
⠀⠀— Fieffé orgueilleux, tu ne peux jamais t’empêcher de n’en faire qu’à ta tête.
⠀⠀— Je… ne… retournerais pas dans… dans ma ch…, dans ma…
Mac Mahan s’évanouit en s’écroulant aux pieds du général.
Mac Mahan ouvrit les yeux péniblement. Quelqu’un était entré dans sa chambre. Il savait que c’était son ami Tam. Le moment était venu. Il prit une longue inspiration puis se décida à ouvrir les yeux.
⠀⠀— Tu vas enfin me dire où est mon équipage et comment ils vont, Tam ?
⠀⠀— Oui Sledge, je vais te le dire. Tu es suffisamment têtu pour réitérer ton exploit stupide d’hier après-midi. Mais je t’en conjure mon ami, ne t’en veux pas d’accord ?
Sledge déglutit et fixa Tam dans les yeux. Il fit un signe affirmatif de la tête.
⠀⠀— Très bien, Jack est dans le coma et les médecins sont très pessimistes sur ses chances de se réveiller. Son cerveau a subi de gros dommages. Conrad Bishop est mort lors du crash, mes équipes on retrouvé son corps sans vie dans sa capsule de sauvetage à bord. Sa nuque s’est brisée car il n’a sans doute pas eu le temps de s’harnacher. Rick et Vlad sont également décédés. L’incendie qui avait commencé à atteindre le cockpit où tu te trouvais avait d’abord atteint leur capsule de sauvetage. Ils ont dû tenter de fuir mais ont été trop gravement brûlés. Jean-bat lui est en soins intensif, ses organes vitaux ont subi de graves détériorations et son pronostic vital est toujours engagé. Quant à Ubatan Kibar, il a perdu sa jambe droite mais il s’en sortira. Je suis désolé Sledge, je n’ai pas voulu te le dire plus tôt car je sais que tu tiens à tes hommes. Tu n’étais pas en état de subir un tel traumatisme, il te fallait recouvrir tes forces. Je suis… désolé mon ami. Ce n’est pas de ta faute, tu ne pouvais pas faire mieux avec ce vaisseau…
La voix de Tam résonnait laconiquement à ses oreilles et bientôt il ne l’entendit plus. Il se remémora les visages de ses amis et les bons moments passés ensemble. C’était sa famille et pour la plupart il ne les reverra plus. Plus rien ne sera pareil. Il avait tout perdu.
Il était seul.
À SUIVRE. . .
publication le 1er avril 2020
relecture par odysseus1992
